Apologie de la panne mécanique
– EXTRAIT –
Vous hésitez encore à voyager en camion ? Vous n’arrivez pas à vous décider, ou à décider votre conjoint(e) des innombrables avantages à partir sur les routes avec un véhicule de plusieurs tonnes ? J’ai testé pour vous l’argument choc : la merveilleuse possibilité de tomber en panne ! Véritable catastrophe pour le touriste pressé, la casse mécanique est sans doute une des plus belles opportunités qui s’offrent au voyageur lorsqu’il décide de partir à la découverte du vaste monde derrière un volant. Mais attention, pour cela il faut y mettre du sien : la réussite de la panne dépend en partie du lieu où elle se produit, mais surtout de son ampleur.
Oubliez la petite panne mesquine qui vous immobilise deux ou trois jours. (…) Non, quand vous cassez, voyez grand ! Faites fi de la crevaison, méprisez le coup du filtre encrassé ou de la durite bouchée, riez vous d’un embrayage qui fume ou d’un radiateur percé ! N’écoutez que votre courage et allez-y franchement : flinguez votre moteur, détruisez votre transmission, perdez un essieu s’il le faut mais mettez-y du cœur. Si vous avez respecté les deux conditions de la panne réussie (à savoir le lieu et l’importance), à vous les félicités de la galère.
« Bonjour, c’est bien vous le français en carafe ? ». La belle panne mécanique confère à son auteur une certaine notoriété, lui offre le privilège d’être de toutes les petites discussions anodines, le sujet abordé au café avec le voisin de table ou chez le marchand de journaux en achetant son quotidien préféré. Et c’est là que vous commencerez à y rencontrer des gens biens, à vous faire indiquer les bonnes adresses, les petits lieux anodins au charme discret.
La suite du récit de voyage d’Olivier Le Gall est à lire dans Numéro 18
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