5130 mètres
– EXTRAIT –
Pendant deux jours, nous servons de plateau-repas aux moustiques, nous respirons un parfum délicat d’animaux morts mêlés de détritus, nous avalons la poussière des voitures et nous marchons sur la route goudronnée, ce qui finit par nous détruire les genoux et les cuisses. Du neuf, de l’inédit ? C’est sûr. De la fraîcheur ? Pas vraiment. La vallée de Lujin est assez terne. Les montagnes crevassées s’ouvrent sur des étendues désertiques, l’épais nuage grisonnant accroché aux cieux est pour beaucoup dans l’aigreur du paysage. Ces deux jours nous laissent une saveur amère collée au palais. Nous savons que c’est au début du voyage qu’il faut être le plus fort moralement, car toute notre vie est chamboulée et la routine, bien installée dans nos vies confortables, est délogée à coups de burin. Cependant, là, notre mental a pris une jolie paire de baffes.
Carnet de voyage de Rudi Agostini et Nicolas Hébinger, à découvrir dansNuméro 29
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