La géopolitique intime du pilote de ligne
– EXTRAIT –
Depuis une dizaine d’années, j’exerce la fonction d’officier pilote de ligne pour le compte de l’ancienne Société d’Exploitation Aéropostale. « La Postale » comme on l’appelle encore dans le milieu. J’en suis fier. Prendre les manettes derrière Saint-Ex, Mermoz ou Daurat n’est pas une mince affaire… Si les hommes et les machines ont changé, l’esprit originel demeure néanmoins: plus de deux minutes de retard par rapport à l’horaire postal prévu et nous sommes à l’amende. (…)
Déjà une heure de vol depuis notre décollage de Luxor, et je m’évertue depuis quelques minutes à entrer en contact avec le centre de contrôle en route de Khartoum. En vain.
« Khartoum center, Khartoum center, good morning to you… this is French Post one zero nine Tango, calling on 123.5… »
Devant l’absence de réponse à mon premier appel radio, je le réitère d’une voix plus ferme, en prenant bien soin d’accentuer chacun des termes le composant ; mon interlocuteur doit se trouver à près de 300 milles nautiques de notre position et l’Afrique n’est pas réputée pour la grande qualité de sa couverture radio.
« Khartoum, Khartoum, good morning…this is French Post one zero nine Tango, calling on 123.5… »
Nous avons pénétré l’espace aérien soudanais il y a désormais plusieurs minutes, je commence à m’inquiéter de l’absence de contact radio à laquelle nous sommes confrontés momentanément. Le Soudan n’est assurément pas le pays le plus accueillant que j’entrevois, et il me tarde d’obtenir la confirmation que nous sommes les bienvenus ici… Ultime essai avant de revenir vers Cairo Center, le centre de contrôle en route égyptien avec lequel nous avons été en contact préalablement…
« Khartoum center, Khartoum center, good morning to you…this is French Post one zero nine Tango, calling on 123.5… »
La suite des aventures de Guillaume Thomas est à lire dans Numéro 32.
Chaque trimestre, recevez dans votre boîte aux lettres de nouveaux carnets de voyages, dans le dernier numéro de la revue Bouts du Monde