
Des rêves
Longtemps restée à l’écart, la Birmanie est apparue, en 2012, dans un classement du New York Times qui recensait les destinations incontournables. Dans le sillage du combat mené par Aung Saan Suu Kyi qui a bouleversé le pays, Romain Vatan a été le témoin privilégié d’une jeunesse qui s’est ouverte au monde.
– EXTRAIT –
Au petit matin, l’odeur poivrée du foyer dans la pièce voisine nous avait éveillés. Il fallait sortir, se laver les yeux, et boire. La veille, les conversations du soir avaient vu se délier les langues ; de l’allemand, du français, du danois, du birman, nous étions passés à un anglais international. Nous prenions ainsi de la distance avec une journée d’exploration de l’univers codifié des villages de montagne, et laissions par la même occasion à Than, notre guide, le temps de souffler. Nous nous étions laissés aller à réciter nos vies sous une guérite commune, celle abritant une génération qui aisément dialogue, compare les trajectoires, témoigne des différences. Nous avions lâché l’alibi du voyage ; quel était-il d’ailleurs ? Sous un ciel d’altitude limpide, nous avions bu à petites lampées de l’alcool de riz, jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Encore somnolents, nous redécouvrions le décor, une maison de bois sur pilotis sise dans un village Ta’ang, perchée au milieu de cultures de thé. Intérieur jour. Les jeunes filles de la maison sortaient dans la lumière, se baignant de soleil en coiffant leurs longs cheveux noirs.
Carnet de voyage de Romain Vatan, à découvrir dans Bouts du monde n°31