Vincent Bournazel - RD Congo - Bouts du monde
Carnet de voyage en RD Congo

A couper le souffle

Vincent Bournazel marche dans des zones instables, menacées par les caprices de la géopolitique et de la géologie. En République Démocratique du Congo, le lac Kivu est une bombe à retardement qui menace Goma, tout comme le volcan Nyiragongo qui offre, au bord de son cratère, des visions apocalyptiques et sidérantes.

EXTRAIT :

Le sommet n’est plus qu’à trois cents mètres au-dessus de moi. Depuis le dernier refuge ou j’essaye de reprendre mon souffle, il me semble à portée de main et j’aperçois le camp où        nous allons bivouaquer deux jours et trois nuits. Les derniers mètres qui m’attendent sont les plus raides. Je suis anéanti de fatigue, la nuit et le froid qui l’accompagne arrivent, mais la perspective du spectacle extraordinaire et quasi unique au monde qui m’attend au sommet, me donne ma force de gravir les dernières pentes du Nyiragongo, 3 400 mètres, l’un des seuls volcans actifs d’Afrique, l’un des plus dangereux au monde.

Retour 24 heures en arrière, à Grande Barrière, le poste frontière entre le Rwanda et la République Démocratique du  Congo (RDC), anciennement Congo-Kinshasa, à proximité immédiate de la ville de Goma, la capitale de la province du Nord Kiwu. Grande Barrière est une véritable fourmilière, une ruche, un beau bazar complètement désorganisé surtout… De part et d’autre d’un grand portique, des files de camions de marchandises sont à l’arrêt et devant les guichets des bâtiments, de longues files de Rwandais d’un côté et de Congolais de l’autre, patientent pour obtenir les papiers indispensables au passage. (…)

Notre chauffeur nous avertit d’emblée : plus question de s’arrêter, plus de photos, et interdiction absolue de sortir le soir de l’hôtel où nous allons passer notre première nuit en RDC, sous peine de ne pas y revenir. En clair, ça craint.

L’entrée à Goma, qui jouxte le poste frontière, va vite nous ramener à une réalité africaine moins réjouissante. Notre chauffeur nous avertit d’emblée : plus question de s’arrêter, plus de photos, et interdiction absolue de sortir le soir de l’hôtel où nous allons passer notre première nuit en RDC, sous peine de ne pas y revenir. En clair, ça craint.

Comme si la situation politique compliquée et instable de la région n’y suffisait pas, la ville est coincée entre, au Nord,  l’un des plus dangereux volcans de la planète et au sud, le lac Kiwu, l’un des plus grands d’Afrique, qui contient dans ses profondeurs une bombe mortelle à retardement. Selon les estimations, ce lac d’origine volcanique, situé sur la grande faille du rift, contient dans ses profondeurs près de 60 km3 de méthane dissous et 1 300 km3de dioxyde de carbone. De quoi hésiter avant d’y aller faire trempette après une journée de voiture. Une remontée brutale des gaz au cours d’un tremblement de terre, ce qu’on appelle une éruption limnique, pourrait, selon les rapports les plus pessimistes, causer la mort de près de deux millions de personnes à Goma et dans l’ensemble de la région.

Le soir, les brumes de chaleur et les nuages se dissipent au loin vers le Nord de Goma. Au-delà de la ville, la silhouette massive du  Nyiragongo se dévoile enfin, sortant progressivement des nuages et des brumes de chaleur de la journée, silhouette inquiétante surmontée par un ciel qui prend, la nuit venue, une teinte rougeâtre, témoin de la raison d’être de notre long voyage jusqu’à Goma.

Carnet de voyage de Vincent Bournazel à découvrir dans Bouts du monde 46

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