Alaska, vers l’inconnu
– EXTRAIT –
« Well, avec un peu de chance, on retrouvera peut-être ton corps au printemps ». Le vieux barbu en chemise à carreaux ne plaisante qu’à moitié lorsqu’il s’adresse à moi. Je viens de lui expliquer mon intention de traverser l’Alaska en canoë.
Nous sommes en 2011, j’ai 21 ans. Demain, je m’élancerai pour 2 000 kilomètres d’aventure, de la frontière canadienne à la mer de Béring. En accord avec l’esprit des explorateurs d’autrefois, j’ai adopté une ligne de conduite radicale : partir en solitaire, sans assistance ni balise de détresse ou téléphone satellite. Pas même un GPS. Une immersion de trois mois au cœur de « la dernière frontière » pour en vivre pleinement toute la démesure.
Arrivé sur le sol américain avec un sac à dos seulement, je suis monté dans un bus pour le village de Tok. J’y ai acheté un canoë et le vendeur m’a déposé au bord de la rivière. Nous nous sommes serré la main, il m’a souhaité bonne chance et je suis parti (…)
Le courant augmente à mesure que je progresse vers l’aval. Aux abords des falaises, les turbulences de l’eau contre la roche forment d’impressionnants tourbillons qui aspireraient aisément mon canoë. Cette rivière me fascine autant qu’elle m’inquiète.
Après 100 kilomètres et une série de rapides, le courant a doublé en vitesse. Les berges abruptes défilent désormais à un rythme endiablé. Un hydravion qui survolait la zone descend en piqué dans ma direction et décrit des cercles concentriques autour du bateau. D’un geste de la main gauche, je lui signale que tout va bien. Pour le moment.
Retrouvez la suite du récit de voyage en Alaska de Volodia Petropavlovsky dans Numéro 21.
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