Âme russe
EXTRAIT :
« N’essayez pas de comprendre les Russes, ils n’y arrivent pas eux-mêmes». Cette phrase énigmatique, entendue il y a longtemps dans un reportage Arte, sonnait à mes oreilles comme un défi. La Russie : 9 000 km de long, 16 pays voisins, 11 fuseaux horaires. La parcourir, ne serait-ce pas, en plus, la meilleure façon defaire presque un tour du monde avec un seul visa ? En paquetant mon sac pour le pays de Viktor Tsoi, je réalisais un vieux rêve de gosse. Comme orientation, cette carte annotée deux semaines avant mon départ. Évidemment, elle ne dit pas grand-chose : je voulais ne rien prévoir. Mon but était de parcourir ces villes aux noms rudes et aux clochers dorés, quelques coins sauvages, et de m’installer dès qu’un endroit me ferait un clin d’œil. Me créer une routine, là-bas, où je pourrais enfin observer de près la vie des mystérieux Russes, et m’y essayer. Ça prend du temps et beaucoup d’efforts de s’intégrer dans un nouveau pays.
Les lumières de Saint-Pétersbourg
Premiers pas dans un pays immense. Prévoyant de suivre lentement un axe ouest-est vers la Sibérie qui m’appelle, il est évident de commencer par le Nord-Ouest du pays, la capitale culturelle : Saint-Pétersbourg. Dur de se replonger au cœur de l’hiver en février, quand le printemps pointait déjà son nez chez moi.
La neige et la glace sont partout, les gens traversent l’immense rivière Neva à pied, les pêcheurs pêchent… assis sur la mer Baltique, à 500 mètres au large des côtes.
Je me laisse toucher par tout ce qui peut me surprendre, la belle langue russe partout, les palais de Saint-Pétersbourg et l’Ermitage, le vent frais et sec des rues gelées, les musiciens qui rassemblent des foules sur les trottoirs par -15 °C, en reprenant des classiques du rock russe… Les musées d’art moderne, d’ethnologie ou de l’Arctique me servent de refuges, et m’ouvrent une fenêtre splendide sur les cultures du pays, tout en participant à la mission complexe de définir l’identité du plus grand pays du monde. La neige et la glace sont partout, les gens traversent l’immense rivière Neva à pied, les pêcheurs pêchent… assis sur la mer Baltique, à 500 mètres au large des côtes.
Evguéni et Maria m’hébergent en couchsurfing, à quinze minutes du centre-ville. Lui est originaire de Biélorussie, elle de la banlieue moscovite où elle ne supportait plus de vivre. Ils ont un fils, Maxim, et travaillent ensemble en freelancesur un projet de photographie régionale. Ce job ne leur permet pas de gagner énormément d’argent, mais ils sont heureux de pouvoir travailler ensemble et d’avoir du temps pour s’occuper du garçon. « Russians love their children too »,me dit Maria en souriant, paraphrasant la chanson de Sting.
Carnet de voyage de Louis Picavet à découvrir dans Numéro 48
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