Angkor, centre du monde
EXTRAIT :
Longtemps, j’ai refusé de me rendre à Angkor. À chacun de mes séjours cambodgiens, j’évitais soigneusement de visiter ce que la novlangue de l’industrie touristique appelait déjà « le spot incontournable de l’Asie du Sud-Est », lui préférant des horizons moins courus. Cette résolution, à laquelle je me suis tenu lors de mes six premiers voyages au pays des Khmers, n’était pas motivée par le snobisme, le désintérêt culturel ou la peur des foules : je voulais simplement être sûr de mériter la cité antique, me gargarisant de ma frustration grandissante, persuadé que le désir maîtrisé était une bonne dynamique d’approche.
Tout en me confrontant aux quatre horizons du Cambodge – de Pailin au Ratanakiri, des quartiers rosâtres du port de Sihanoukville jusqu’aux districts chams de Phum Trea –, je me préparais à la rencontre ultime. Et chaque année, la lecture des glorieux pionniers de l’École française d’Extrême-Orient m’exaltait toujours plus.
Carnet de voyage de Bruno Deniel-Laurent à découvrir dans Numéro 35
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