Aux premières loges
– EXTRAIT –
Une journée comme je les aime : tôt le matin, je saute dans un tuk-tuk, direction la gare ferroviaire. Le chauffeur est sympa, il m’emmène chez son cousin pour me vendre un tour en bateau. Il me semblait bien que nous faisions un détour, mais bon, j’ai le temps et ça me fait visiter la ville, pour le même prix. Il y a de beaux canaux bien usités par une armée de bateaux à Négombo. En fait je veux partir pour Hikkaduwa à cent kilomètres au sud de Colombo. J’achète mon billet deuxième classe pour ma destination finale. C’est un billet deuxième classe qui fait troisième classe en même temps. J’aime bien ! On est tous face à face de chaque côté du wagon et il y a juste le nombre de places nécessaires pour l’instant. Carnet en main, j’aime dessiner dans les trains, c’est un exercice de voltige. J’ai juste le temps de finir mon croquis que le wagon se remplit presque d’un coup. Très bonne ambiance, je parle avec tout le monde. Terminus à la Colombo Station, correspondance dans 2 h 30 mais tout est simple, les gens sont prévenants, courtois, souriants !
Un homme assis derrière moi a une gueule si incroyable que je ne résiste pas … « Mister, vous êtes si beau, je voudrais vous dessiner ? » Et voilà M. Nadarajat dans mon carnet. On parle… aussi avec Moïse. Il a voyagé Moïse, par survie ; il était menacé, il est parti quatre ans, il est photographe, il connaît un peu l’Europe, la Russie, l’Inde, sa femme est indienne, une police woman, il me parle de son pays, il me déconseille le nord où j’ai envie d’aller : « Des gangs de jeunes fous, incontrôlables… »
Prévenant, un homme se réveille pour me dire que je suis arrivé.
Arrive mon train, un vrai deuxième classe, on se sépare car lui voyage en première. À l’inverse du premier train, celui-ci est hyper bondé au point que je dois pousser les gens avec ma valise pour rentrer. Mais ce coup-ci, nous nous éloignons de Colombo si bien qu’il se vide un peu plus à chaque arrêt. Logique, mais amusant quand on enchaîne ces deux trains. Comme si cette grosse cité qu’est Colombo était gonflée par le flux rentrant et vidée par celui sortant ! Ce doit être ça ! Prévenant, un homme se réveille pour me dire que je suis arrivé. Au saut du train, je me fais cueillir par Sidi, patron d’une guest-house familiale, pas chère, propre, wifiée même dans les chambres, calme dans une cocoteraie, à deux pas de la plage. Au passage il me montre le petit resto de la fille de sa sœur. Le Sri Lanka, en fait ça ressemble à l’Inde en plus propre – il y a même des poubelles de tri – en mieux organisé, plus sympa, moins raciste. Plus, moins, enfin ça n’a rien à voir quoi !
Carnet de voyage de Samuel Chardon à découvrir dans le Numéro 61
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