Carnet de bord d’une moussaillone
Philippe m’a donné rendez-vous dans un village bordant la petite mer de Gâvres, étendue d’eau contiguë à la rade de Lorient. À marée basse, dans la baie, se dresse un bateau hors du commun. Il est peint dans une espèce de vert lagon pétant, éclat de couleur posé sur le marron terne de la vase.
Ce bateau est monumental, c’est incroyable ! Je comprends mieux pourquoi il n’est pas au port, il est bien trop large pour y être amarré. C’est un multicoque originaire de Malaisie, appelé un prao. Il est doté d’une coque et d’un flotteur ayant la proue et la poupe symétriques.
Un prao ne peut virer de bord parce qu’il est conçu pour recevoir le vent toujours du même côté. Aussi, à chaque changement de direction, il repart en marche arrière. À bord, sa taille est encore plus remarquable. Le pont de la coque est assez grand pour s’y déplacer aisément.
Dans ses entrailles, un couloir permet de circuler, debout, d’une extrémité à l’autre. L’équipage se compose de la famille avec Philippe, le capitaine, Nadine, sa femme, l’intendante, leurs deux enfants, Basile 12 ans, Alice 16 ans. Il y a aussi Yann le skipper, et moi-même, la moussaillonne !
Serai-je à la hauteur de ces marins chevronnés ? Je ne fais pas la fière. La grand-voile hissée, nous faisons cap vers Audierne, notre première étape. L’arrivée est prévue autour de 1 heure du matin. J’essaie de comprendre le fonctionnement du bateau. Il est très ingénieux ! Beaucoup plus stable qu’un voilier, il glisse, il vole, il est tout-puissant, je suis conquise
Récit de voyage de Karine Branco à lire dans Numéro 41
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