Cette année-là, place Tiananmen
– EXTRAIT –
J’adore les langues étrangères. Après l’anglais, l’espagnol et l’allemand, l’italien et le portugais, j’ai décidé de m’attaquer un jour au chinois. C’était dans les années 80. Pour l’explorer, j’ai sollicité des étudiants chinois. L’exploration prenait la forme de cours particuliers de conversation deux heures par semaine. J’avais envie de parler la langue.
Les idéogrammes étaient secondaires pour moi. Ma curiosité est vite devenue une curiosité pour le pays, pour une civilisation. Coïncidence : en 1989, j’avais justement envie de faire une pause professionnelle d’un an. Et si j’allais en Chine ? Pendant six mois, j’ai préparé mon voyage.
Une frénésie de rencontres avec tous ceux qui pouvaient me parler de la Chine. Je me suis constitué un carnet d’adresses impressionnant. Une centaine de contacts dans une quinzaine de villes chinoises et dans tous les milieux. Et surtout, j’avais une énorme chance, mon professeur de Grenoble me proposait un hébergement dans sa famille à Pékin. La famille était bien là, à l’aéroport un jour de janvier 1989. Cinq personnes, rien que pour m’accueillir dans le hall. Qui était qui ?
J’étais un peu perdue. Je ne faisais qu’attraper au vol des noms, des bribes de sons que je croyais vaguement reconnaître. Les mots de chinois sortaient difficilement de ma bouche. La communication corporelle fonctionnait mieux, les sourires de la famille me rassuraient. Je me souviendrai toute ma vie de ces premières heures dans l’hiver glacial de Pékin.
Carnet de voyage de Laure à découvrir dans Numéro 37
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