Chez les oubliés du delta
– EXTRAIT –
Ce n’est pas un hasard si la région où se trouve Paso Sosa se nomme « L’impénétrable ». À cheval sur le nord de l’Argentine et le sud du Paraguay, c’est l’une des zones les plus austères du grand Chaco. Pas grand-chose à boire, pas grand-chose à voir. Pour se rendre dans ce hameau où vit l’une des plus anciennes communautés Qom, mieux vaut miser sur la débrouille. En réalité, celle-ci se borne à deux options : attendre quelques heures le pouce levé ou mettre la main sur l’un des rares taxis privés qui font la navette depuis Rio Bermejito, le village le plus proche, situé à une heure de route.
Après ça, plus rien. Plus de « Loterias chaquenas » aux murs enduits de couleurs chaudes. Plus de restaurants où déguster un plat du jour à faire rougir une brasserie parisienne, les coudes bien au frais sur la toile cirée. Plus de saisonniers espérant, en fumant sur les bancs élimés d’un terminal, l’hypothétique venue du bus qui les mènera vers un nouveau champ à faucher. Plus de champs non plus, d’ailleurs. Rien qu’une route défoncée qui s’enfonce vers nulle part dans un nuage de poussière blanche. La contemplation chaotique d’un aveuglant coucher de soleil s’abattant sur la végétation dense et sèche.
Carnet de voyage de Flora Brillouin, à découvrir dans Numéro 17.
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