Dans la poussière
– EXTRAIT –
Deux enfants, chétifs et vêtus d’un simple short, s’agitent entre les maisons, se cachant derrière les quelques épaves de voitures éparpillées dans les allées poussiéreuses, courent pieds nus en poussant des cris insouciants. J’envie leur bonheur. Les deux silhouettes agiles traversent furtivement les derniers reflets cuivrés du soir avant de s’évanouir dans la pénombre d’une habitation de tôle, ne laissant à leur suite qu’une nuée flottante de poussière rouge. J’occulte les bruits alentour pour n’entendre que l’écho des rires. Mon regard ne peut se détourner de l’immense masse sombre qui surplombe le désert. Un cumulo-nimbus lourd et impénétrable qui, d’où je suis, déverse sa fureur dans un silence parfait.
La chaleur du soir me donne l’impression de rêver ce moment ; les spinifex statiques s’étalent à perte de vue telle une colonie de porcs-épics endormis. Le bush alentour se pare de ses couleurs pastel et ses tons assombris tandis que les acacias s’illuminent en leur cime. Un couple de bœufs ruminants m’observe, immobiles et impassibles, à l’abri d’un maigre bosquet. C’est le seul moment de la journée où ils s’aventurent un peu plus près des habitations ou des pistes. La vie humaine laisse peu à peu sa place au règne animal.
Carnet de voyage d’Eddie Mittelette, à découvrir dans Numéro 13.
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