Dans le corridor du Wakhan
EXTRAIT :
Au volant sur les routes d’Oman, Kares Le Roy laisse un message vocal sur Whatsapp. Avant de poursuivre la conversation à son retour en France, il a envie de parler d’une photo, l’image d’une petite fille kirghize dans le corridor du Wakhan. Il l’a publiée dans son livre Ashayer (Amu Darya Éditions). Et il regrette un peu. « Cette photo ressemble beaucoup à celle des Michaud. C’est vraiment le hasard. Je connaissais leur travail sur le Wakhan, mais pas cette photo ». Photographe exigeant, Kares Le Roy s’investit trop pour montrer ce qui a été déjà vu. Ces deux photos racontent bien davantage qu’un clin d’œil du jeune photographe à leurs aînés. Elles sont le formidable témoignage d’un mode de vie nomade qui survit malgré le tumulte du monde. « Pour avoir beaucoup voyagé dans le monde, j’ai souvent vu les choses évoluer en dix ou quinze ans. Là on se retrouve dans un endroit qui n’a absolument pas changé : leurs habits, leur habitat, leur façon de se déplacer pour aller chercher les denrées et échanger ce dont ils ont besoin, rien ne semble avoir bougé. Le corridor est figé dans le temps ». Sans doute y a-t-il peu d’endroits sur terre où, deux portraits photographiques, séparés de cinq décennies, présentent autant de similitudes. « En cinquante ans, rien n’a bougé, si ce n’est le grain. Dans cinquante ans, si on y repasse, les photos seront peut-être en 3D, mais ce sera sans doute la même petite princesse kirghize du corridor, habillée en rouge ».
Portrait de Kares Le Roy à lire dans Numéro 42
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