Deux Solex au pays des pharaons
EXTRAIT :
À mesure que nous nous enfonçons dans le Sahara, la chaleur est de plus en plus écrasante. Alors pour rouler quand il ne fait pas trop chaud, nous partons tous les jours au lever du soleil à 5h30. Contrairement à l’Égypte qui pullule de villes et de villages le long du Nil, le nord du Soudan est un véritable défi à vélo. Nous débutons cette deuxième partie de notre voyage non sans une certaine appréhension. Le nord du pays est complètement désert et la seule route qui mène à Khartoum s’éloigne régulièrement de plusieurs dizaines de kilomètres du Nil. De plus, les étapes entre deux villages sont parfois longues de 190 kilomètres. Pour nous garantir suffisamment d’autonomie, nous avons emporté deux batteries chacun pour nos vélos. En utilisant le mode d’assistance minimum, nous pouvons parcourir une petite centaine de kilomètres avec une batterie.
Heureusement, nous trouvons parfois des petits abris sur le bord de la route dans lesquels reposent de grandes jarres pleines d’eau. Elles sont utilisées par les usagers de la route pour les ablutions et pour se rafraîchir
La route est bonne et le trafic est plus que clairsemé. Autour de nous c’est le désert à perpétuité. Du sable et des cailloux à l’infini. Le vent charrie de la poussière en tourbillons. Nous croisons environ un véhicule toutes les demi-heures. Par 45 °C nous avons l’impression en pédalant d’avoir en permanence un sèche-cheveux sur le visage. À l’arrêt, la chaleur est réfléchie par le goudron et nous brûle les mollets. Il fait si chaud, que notre transpiration s’évapore instantanément et laisse notre peau couverte de sel. Heureusement, nous trouvons parfois des petits abris sur le bord de la route dans lesquels reposent de grandes jarres pleines d’eau. Elles sont utilisées par les usagers de la route pour les ablutions et pour se rafraîchir. Les corps souffrent mais nos vélosquant à eux tiennent bien le choc. La température n’affecte pas les batteries et l’assistance électrique nous soulage beaucoup lorsqu’il y a du vent ou des légères côtes.
Après 170 kilomètres sous un soleil de plomb, malgré les dix litres d’eau que j’ai bus, les crampes me gagnent et je m’effondre à l’ombre sous une petite cabane en tôle, déshydraté, épuisé. Sonné, je me repose quelques instants. Mais je sais qu’il ne faut pas s’attarder, il n’y a rien ici. Je rassemble mes forces, me relève et grimpe à nouveau sur ma selle sous l’œil bienveillant de Nicolas et ensemble nous parvenons à gagner le village d’Abri au bord du Nil.
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