Echappées belles chez les Himba
– EXTRAIT –
L’année 2020 a été difficile pour le monde entier. Pour les personnes dont l’activité dépend des voyages à l’étranger, et celles comme moi qui y trouvent l’inspiration, ce fut une période de douloureuse incertitude. Voyages annulés, expositions annulées, festivals annulés. Moi qui alternais les joyeuses périodes nomades en voyage, les studieux temps d’ermitage à l’atelier et les rafraîchissants moments de rencontres, 2020 a vu cet équilibre bouleversé… engendrant solitude, anxiété chronique, et, quand les voyages furent loin, usure de l’inspiration et de l’insouciance créative. Alors, en janvier 2021, j’ai pactisé avec un autre voyageur, mon « frère de voyage » le photographe Alexandre Sattler, lui aussi à l’arrêt, pour m’échapper de l’ambiance anxiogène, morose et sans perspective de notre pays, et nous avons rêvé ensemble sur une carte des pays encore ouverts aux voyageurs… La Namibie regroupait tous les critères : la nature spectaculaire (dont je m’étais sentie si coupée pendant le confinement, et qui ne m’avait jamais autant manqué), de grands espaces qui rendent dérisoires la notion de « gestes-barrières » et les masques très en vogue à l’époque… une photogénie (donc dessinogénie) indiscutable et un climat chaud qui pourrait nous réconforter au cœur de l’hiver. La mise en route fut compliquée. Nous avions perdu l’habitude de voyager, et on s’était laissé enfermer dans une prison mentale, comme une sensation que « la cage était ouverte, mais qu’il était difficile de s’envoler ».
Donc… après avoir bravé la désapprobation de nos proches, franchi les tests PCR, vérifié les assurances voyage, nous étions – enfin ! – de nouveau en mouvement. Et finalement, comme souvent au moment de braver les peurs… c’était surtout la mise en route, ce saut dans le vide, qui était difficile.
La chaleur, les espaces sans fin et cette nature présente dès la sortie de l’aéroport, l’intensité des journées de voyageur où le temps se distend… tout nous plongea dans une autre réalité.
Dès les premiers pas sur le sol namibien, nous avons eu la certitude que cette décision de prendre le large était la bonne ! Il a suffi de quelques heures en Namibie pour s’apaiser, se sentir à nouveau intensément vivants, et jouir encore plus que d’habitude en voyage, d’un immense sentiment de liberté… La chaleur, les espaces sans fin et cette nature présente dès la sortie de l’aéroport – des girafes au bout de seulement quelques kilomètres ! –, l’intensité des journées de voyageur où le temps se distend… tout nous plongea dans une autre réalité, bien loin des tracas. Cette parenthèse enchantée se déroula sous forme de roadtrip. Nous avions opté pour le selfdrive, c’est-à-dire l’autonomie d’aller où bon nous semblait, avec un 4×4 équipé d’une tente de toit, qui serait pendant deux mois notre véhicule et notre maison. Ce mode de déplacement nous permettait d’improviser chaque jour et de choisir de dormir dans les endroits coups de cœur que nous trouvions au fil de la route, des rencontres et de l’intuition, dans ce pays immense et sauvage. Le luxe d’un hôtel mille étoiles : la Voie lactée d’une clarté parfaite, se coucher et se réveiller au rythme du soleil, dans des ambiances sonores chaque soir renouvelées, « into the wild »… cela n’avait pas de prix. Nous sentions jour après jour nos sens se reconnecter au monde sauvage, s’aiguiser, nos préoccupations se recentrer sur l’essentiel, notre âme se ressourcer.
Carnet de voyage de Stéphanie Ledoux à découvrir dans Bouts du monde 60
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