Embruns, souks et vieilles ruelles
EXTRAIT :
Une fois sur le port, les prières et les sons du muezzin qui rythment le cœur de la médina laissent place aux cris des mouettes et des cormorans. Ils filent en bandes au-dessus des bateaux de pêche dont les chaluts regorgent de sardines. Les poissons et fruits de mer, toujours si variés, sont nettoyés à même le sol par des pêcheurs. Les pieds trempent dans les flaques d’un mélange d’eau sale et d’abats qui couvrent l’asphalte. Quand la houle venait à les surprendre, les barcassiers se réfugiaient en haute mer. Ils restaient là, le temps que la tempête s’apaise. En attendant, la ville retenait son souffle.
Il y a dans le chantier naval de Sqala des rêves de pirates. Je pointe vers la mer mon crayon comme un canon vers l’horizon. Combien de drames, de bateaux submergés et de maris emportés ont été volés par la mer ? Avec un peu d’observation, on remarque qu’Essaouira est surveillée par les mouettes et habitée par les chats. Les premières, drones infatigables, repèrent le moindre éclat de chair et sont concentrées sur leur quartier général : le port de pêche. C’est aussi là que l’on rencontre les seconds, et pour cause. Le chat n’oublie pas qu’il est né pour être gourmand. Alors il attend le retour des bateaux revenant chargés de sardines. Au soleil, à l’abri du vent, il déguste, joue, s’endort.
Pourquoi ferait-il autre chose ? J’ai rencontré un chat à Marrakech qui préparait son voyage pour Essaouira. Sa tête était dans le ciel et ses yeux brillaient d’une lumière de rêve.
Carnet de voyage de Jérémie Bonamant à découvrir dans Bouts du monde 46
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