Et soudain apparut le Machu Picchu
– EXTRAIT –
Tôt ce matin, nous prenons la direction de la gare et montons dans un train aux wagons jaune et rouge. Tiré par une vieille locomotive Diesel, il grimpe vers le Machu Picchu.
À la sortie de Cuzco, la pente est si raide que le train s’arrête. Puis, tiré par une crémaillère, il change de voie et repart. Bercés par le mouvement pendulaire des wagons, nous voyons défiler la campagne, les champs de maïs, de pommes de terre. Le paysage est ponctué par des petits villages pittoresques aux murs d’adobes, toits de tuiles aux faîtières souvent surmontées d’un taureau en terre cuite, une sorte de porte-bonheur.
La voie ferrée court le long du Rio Urubamba. À chaque arrêt, sur les quais rudimentaires, dans une atmosphère bruyante, des femmes vêtues du costume traditionnel aux couleurs vives, coiffées de leur légendaire chapeau melon, les bras chargés de produits de l’artisanat local et de victuailles, haranguent les passagers. Jacqueline fait provision de bananes.
Au kilomètre 104, nouvel arrêt. Les randonneurs descendent et partent à l’assaut de la montagne en utilisant le Chemin de l’Inca
Ollantaytambo ! Le train s’arrête. Une escouade de jeunes touristes, sacs au dos, équipés pour la randonnée en montagne, grimpent dans les wagons. Nous repartons.
Au kilomètre 104, nouvel arrêt. Les randonneurs descendent et partent à l’assaut de la montagne en utilisant le Chemin de l’Inca escarpé pour rejoindre le Machu Picchu en empruntant ce sentier.
Nous atteignons la Selua Alta ou jungle d’altitude. La forêt tropicale est luxuriante, peuplée d’oiseaux multicolores. De petits picaflores – oiseaux-mouches – s’activent en tous sens, butinent le nectar des orchidées aux éclatantes couleurs. Elles sont nichées aux creux de branches, entre usnées et mousses de fougères d’un vert fluorescent.
Nous sommes ici aux portes de l’Amazonie. Le train ralentit. Nous arrivons au terme du trajet. Agua Calientes, la bien nommée, est notre ultime étape avant l’ascension du Machu Picchu.
Des magasins, des échoppes bordent chaque côté de la voie ferrée traversée par une basse-cour de poules, de coqs, et, plus insolites, des porcs, des moutons et des chèvres.
Une intense frénésie règne dans cet endroit surréaliste où le tourisme est la principale ressource. Après une nuit d’un repos bien mérité, nous grimpons par une piste chaotique jusqu’au site. C’est avec une vive émotion que nous retrouvons ce lieu mythique où nous étions venus voilà deux ans.
Hiram Bingham, archéologue, explorateur américain, découvrit le Machu Picchu en 1911. Il fut alors persuadé que le dernier Inca Manco et ses fils, après une résistance acharnée contre les Espagnols, avaient réussi à fuir et à trouver refuge dans cette forteresse inaccessible. À l’époque de sa découverte, l’endroit était envahi par une végétation dense ne laissant apparaître que quelques pierres rongées par les mousses. Bingham questionna un paysan, Melchior Artaega :
« Existe-t-il des ruines par ici ?
– Oui ! Il existe de belles ruines », lui répondit le paysan.
Carnet de voyage « Et soudain apparut le Machu Picchu au Pérou » de Perceval à découvrir dans Bouts du monde 57
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