Carnettiste -Marielle Durand - NYC - Bouts du monde
Carnet de voyage - États-Unis

From New York with love & cheesecake

On imagine très bien Marielle Durand rester quatre heures à l’angle de la 42e et de la 5e en train de dessiner tous les détails de la ville la plus folle du monde. Une tendinite au poignet aurait pu la contraindre à ranger son encre de Chine. Peu importe, l’artiste a terminé son voyage en dessinant de la main gauche. Et tout le monde n’y a vu que du feu.

Des géants de verre et de béton m’accueillent froidement, me narguant de tout leur haut. Je ne sens pas d’abord cette euphorie, je suis surtout extrêment impressionnée et frissonne à l’idée de l’effondrement des tours disparues du WTC autour desquelles je tournerai plusieurs fois, comme pour circonscrire le drame dans un périmètre naïvement rassurant.

Il me faut plusieurs jours avant de monter enfin au sommet du Rockfeller Center, sur le Top of the Rock. Là-haut, j’embrasse enfin la ville entière en un regard, pour saisir tout ce que je m’imaginais depuis tant d’années et dessiner ce qui deviendra le symbole de mon voyage : l’Empire State Building trônant au centre de Manhattan.

Du haut des 70 étages, je reconnais les hauts lieux de la mégalopole, je traque, en plissant les yeux, les moindres détails et aspérités des bâtiments d’époques différentes, les jeux de kaléidoscope des milliers de fenêtres, les constellations de châteaux d’eau, magnifiques petites fusées de métal prêtes à décoller, tentant d’appréhender l’organisation de ce quadrillage urbain, cette géométrie implacable aux angles acérés, recoins sombres, impasses remplies d’escaliers de service aux ombres découpées comme de la dentelle….

Une fois en bas, se retrouver le nez en l’air. Face à cette puissance verticale. Se sentir proportionnellement minuscule mais néanmoins au centre du monde. Auquel on souhaite appartenir ou dont il vaut mieux s’éloigner si on ne s’y sent pas à sa place.

© Carnet de voyage de Marielle Durand à découvrir dans Bouts du monde n°27

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