La grande traversée du Népal
– EXTRAIT –
De l’Ouest encore lumineux à l’Est déjà sombre, il fallait s’engager vers l’inconnu en levant progressivement le voile sur ce qu’il restait à découvrir. Mettre un pied devant l’autre puis le reproduire à l’infini, enchaîner les jours vers un horizon fait de rêves. Rêves de chemins empierrés, de villages isolés, d’alpages animés où il serait facile de nouer de nombreux contacts.
Bien entendu, il y avait des régions connues, très bien documentées – Mustang, Dolpo, Khumbu… –, mais qui offraient malgré tout la possibilité d’innover en les rejoignant par des options radicalement nouvelles. Pourquoi rejoindre la capitale du Mustang – Lo Manthang – par Jomsom, s’il était possible de le faire par le col du Kekyap. Pourquoi choisir la facilité lorsque l’on peut effleurer le grandiose ? Toutes les options ont donc été soupesées et les plus esthétiques ont retenu notre attention. Seules les impossibilités techniques expliquent certains abandons d’idées d’itinéraires.
Le Far West est la région la moins parcourue du Népal. Les cols apparaissent sur les cartes, mais il n’y a pas de chemins pour y accéder et surtout pas de nom. Par contre, au croisement des vallées, les kharkas (campements à l’estive) sont nombreuses, ce qui permet de passer du temps avec les éleveurs. Plus précisément les éleveuses, les hommes se sont organisés en caravanes pour le commerce avec le Tibet voisin. Des heures passées à se réchauffer en partageant un repas local rapidement offert. Les produits laitiers sont au centre de tous les échanges, c’est donc les lèvres recouvertes d’une fine pellicule blanche que nous passons la fin de journée à rire tout en expliquant notre parcours.
© Carnet de voyage de Laurent Boiveau à découvrir dans Bouts du monde n°30
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