Groenland : un rêve de grand froid
Ce n’était pas le soleil, ni le bruit qui m’avait réveillée. Non, ça n’était pas cela. Ici, le soleil ne se couche pas, la nuit est claire comme le jour, et les rêves ne dorment pas. Ici, le bruit n’est que silence. C’est son immensité qui vous frappe. Ici c’est le Groenland, plus précisément Sisimiut, et c’est sans doute le sentiment d’être au-dessus du cercle polaire arctique qui m’avait réveillée ce matin-là, et qui m’avait donnée l’envie d’insomnie.
Dans notre maison, qui surplombait le seul terrain de foot du village où les montagnes étaient seules reines, la première nuit touchait l’irréel. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, si j’ai dormi. Le temps vous échappe là-bas, c’est la nature qui vous berce. Le vent, si doux et frais à la fois, et le soleil, qui brille jour et nuit sans répit. La neige, elle, vient rappeler que vous êtes sur son chemin, mais seule elle vous donne l’immense joie de poser votre délicate empreinte sur le sol. Éphémère, elle vous rappelle que vous n’êtes que de passage.
Carnet de voyage d’Anne Lebreton à découvrir dans le Bouts du monde n° 21.
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