Ici commence l’aventure
-EXTRAIT-
Cela fait deux jours que nous avons quitté Iquitos à bord d’une lancha, et remonté le fleuve Marañón jusqu’à Santa Rita, une petite communauté tranquille dont les maisons de bois colorées surplombent les berges boueuses. Il est cinq heures du matin. Un soleil rouge se lève et irradie le fleuve. La journée promet d’être chaude. Mais pour nous, le réveil est brutal. Nous venons de constater que nos sacs avaient disparu de l’auvent de la tente. La catastrophe. Vêtements, chaussures, couteaux, médicaments, crème solaire, anti-moustiques, et j’en passe… À peu près toutes nos affaires ont été volées. Il ne nous reste que nos papiers, un appareil photo et les habits très légers que nous portions la veille. Ce qui n’est déjà pas si mal, mais loi d’être totalement réconfortant.
Nos dépositions à la police locale sont à l’image de l’endroit où nous sommes. Pas d’électricité. L’indifférence. Il faut une matinée pour trouver un groupe électrogène et imprimer un papier officiel. Nous courons dans tous les recoins du village, interrogeons sans succès les habitants et les pêcheurs qui gravitent autour des bateaux. La veille, ils avaient été si sympathiques et rassurants que nous nous étions résolus à poser la tente devant une maison où était entreposé le matériel de l’expédition. À présent, ils compatissent en nous assurant que c’est la première fois que cela arrive, que c’est sûrement quelqu’un de « l’extérieur » qui est venu… Pour nous, cela ne change rien. Le voleur est déjà loin.
Nous prenons soudain conscience des risques que nous courons à nous aventurer ainsi dans l’un des endroits les plus hostiles de la planète. Des images affluent à mon cerveau pour me décourager, mais nos compagnons nous rassurent. La jungle n’est pas aussi terrible que l’idée qu’on s’en fait. Son appel est le plus fort. C’est décidé nous y allons quand même.
Dépités, honteux, on peste surtout contre nous-mêmes. Trop de confiance. Trop d’innocence. Nous sommes comme deux gringos ayant oublié tous les principes de prudence de la vie de voyageur. Loin de tout, loin de chez nous, nous voilà tout nus à l’aube de notre première excursion dans la jungle On se demande ce qu’on fout là. L’incertitude prend le dessus alors que notre départ est imminent. Les gars nous attendent. Le bateau est loué, le carburant aller-retour, payé. Que faire ? La situation est compliquée. Le dilemme est simple. Rentrer sans rien avoir vu, pas un sou en poche, ou bien continuer vers l’inconnu, avec des gens qu’on connaît à peine. Nous prenons soudain conscience des risques que nous courons à nous aventurer ainsi dans l’un des endroits les plus hostiles de la planète. Des images affluent à mon cerveau pour me décourager, mais nos compagnons nous rassurent. La jungle n’est pas aussi terrible que l’idée qu’on s’en fait. Son appel est le plus fort. C’est décidé nous y allons quand même.
Carnet de voyage au Pérou de Charline Wild à découvrir dans Numéro 59.
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