Iles Féroé : un voyage imprononçable
– EXTRAIT –
Nous poursuivons notre périple vers Funningur, Elduvik, Saksun et d’autres encore. Tous ces villages colorés et pétrifiés, comme si la couleur vive des façades tentait de dissiper la mélancolie de ses habitants. Etonnant pays. Dans toutes ces kommuna, il n’y a pas de café, pas de magasin, pas de marché. L’unique lieu qui rassemble la communauté villageoise aux Féroé, c’est l’église. Et le cimetière.
Il n’existe dans tout l’archipel que quelques bistrots dans les gros patelins. Quant aux épiceries et autres boulangeries elles sont manifestement quasi-inexistantes en dehors de Tórshavn et de Klaksvík.
Cette austérité apparente semble s’être forgée à travers le climat, l’isolement, la longue nuit hivernale et la rude topographie. Les ligues calvinistes qui se sont implantées aux Féroé ont fait le reste.
Soixante ans de prohibition et aujourd’hui encore des radios qui diffusent en permanence de la country pétrie d’alléluias. En résulte une société conservatrice, pudique et discrète qui semble vivre de manière un peu cloîtrée. Ceci dit les gens que nous rencontrons, au-delà de leur attitude réservée, sont toujours d’une gentillesse presque déconcertante.
La sérénité ambiante est telle qu’on a parfois l’impression que ces villages ne sont pas habités.
Dans les hôtels et les rares restaurants, le haddock est parfois au menu du jour. Quant à la viande de mouton (comme celle de baleine ou de macareux) elle est réservée à la population locale. Plus étonnant, les Féringiens ne fabriquent pas de produits laitiers, « trop cher à produire » nous a-t-on dit ; dans les superettes on ne trouve que du Gouda, du Dubliner ou du Cheddar, en blocs de 500g exclusivement.
Déconcertant. Le seul produit local accessible c’est le Turrur Fiskur, le poisson salé et séché au vent. Ca ressemble à du carton au goût de morue et ça se mange avec du beurre, des patates et des tranches de… baleine.
Enfin, les végétaux se résument à quelques pommes de terre et des plants de rhubarbe cultivés dans les potagers privés. Tout le reste est importé, y compris le bois pour construire les maisons, puisqu’aux Féroé, il n’y a pas d’arbres.
La suite du carnet de voyage d’Ivan Grunder est à lire dans Numéro 8
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