Ittoqqortoormiit, le paradis qui fond
En vivant un mois durant parmi une famille d’Ittoqqortoormiit, sur la côte est du Groenland, Vincent Hilaire a notamment appris que les choses étaient plus compliquées que les quotas de chasse imposés par la Communauté européenne. De toute façon, il n’y en aura bientôt plus besoin : la banquise fond.
– EXTRAIT –
Il est quatre heures du matin. Le soleil, déjà haut dans le ciel, baigne le fjord de sa lumière jaune, chaude et intense. Parvenu avec mes sacs en haut d’une nouvelle colline, je vois enfin Ittoqqortoormiit, la promise, la convoitée. M’accordant quelques courtes pauses, je viens de marcher douze heures d’affilée dans ce jour permanent, sans carte, eau, ni fusil et surtout, sans croiser d’ours blanc.
Nous sommes le 7 août 2015. Assis sur un caillou plat, à côté du cairn construit au sommet de ce mont qui domine la partie est de la ville, je savoure pleinement ce moment malgré ma profonde fatigue. Je viens d’aller au bout de moi-même, puisant des forces mentales et physiques que je n’avais pas sollicitées autant depuis quelque temps. La victoire sur moi n’en est que plus forte et la vision du village que plus belle.
J’ai attendu, rêvé de cet instant depuis plusieurs mois et là j’y suis. Tous ces ultimes obstacles qui se sont dressés sur ma route, particulièrement durant ces dernières heures, sont maintenant derrière. Mon bonheur est entier et au fur et à mesure que mes yeux détaillent les différents secteurs du village, mes forces reviennent peu à peu.
Carnet de voyage de Vincent Hilaire, à découvrir dans Numéro 25
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