Les jarres d’eau de la Nubie soudanaise
Je suis parti deux mois le long du Nil dans le but d’atteindre la Nubie soudanaise coupée de l’extérieur. À pied avec comme seuls compagnons un sac à dos et mon appareil photo, sans jamais savoir ni où boire, manger, dormir. Pour toucher du doigt ce qui animait les premiers explorateurs du XVIIIe et XIXe siècles, voir de mes yeux cette Nubie que mon imaginaire et mes lectures avaient entouré d’un attirant mystère. Je me souviendrai longtemps du jour où j’ai lâché prise. J’en ai d’abord senti les prémices dès la traversée du lac Nasser, lorsqu’un Nubien m’a invité à partager son repas sur le pont du bateau. Il n’a rien voulu de moi en retour, juste l’échange de mes sourires contre les siens.
Me voilà donc en train de déguster des foies de pigeons épicés avec cet inconnu. Et il sourit, il n’arrête pas de sourire. Je regarde autour de moi et je me pose la question du pourquoi moi et pas un des quinze autres Occidentaux à bord ? Probablement parce que j’ai choisi le pont au confort d’une cabine.
Carnet de voyage de Benoît Lucas à découvrir dans Bouts du monde n°25.
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