Jusqu’au Lac Titicaca
-EXTRAIT-
Bruno et moi sommes faits du même bois ; il nous est absolument inenvisageable de suivre notre routine quotidienne sans avoir l’esprit accaparé par la préparation d’un projet, par la projection d’une aventure à venir. C’est ce qui nous maintient, un phare à l’horizon qui nous permet de supporter l’indispensable obligation de la petite classe moyenne dont nous faisons partie de nous lever le matin, pour réunir les quelques deniers qui financeront nos escapades. Notre hantise ? Rester englués dans la tiédeur anesthésiante et piégeuse d’une vie où tout est sûr. Alors nous partons, régulièrement. Depuis les quelques années qui voient nos quotidiens se mêler, nos temps libres sont passés en montagne, peau de phoque sous les spatules ou crapahutant dans les alpages. Les vierges espaces
vécus à grands coups de sueur sont nos exutoires, pour patienter en attendant une aventure plus longue et plus loin.
« Le projet s’appelle : Hasta el Lago, qui veut dire « jusqu’au lac ».
– Et pourquoi ce nom ?
– C’est sûr que les gens croisés, une fois passée la stupeur de voir notre étrange équipage, nous demanderont immanquablement où nous allons. Et alors on leur répondra : Hasta el Lago !!
– Magnifique… je signe ! »
Bouillonnant de mille idées tous les deux, et souhaitant depuis quelque temps voyager ensemble, chacun usait de ses moyens de séduction pour rallier l’autre à son projet. Et pour cette fois, j’ai gagné.
« Je te propose de traverser la Bolivie, d’est en ouest ; de la frontière brésilienne à celle du Pérou. Tu détestes courir, parfait ! Prends ton vélo, équipe-le d’une remorque et tu tracteras notre paquetage. Moi, je courrai à tes côtés… enfin loin derrière plutôt !
– Et pourquoi la Bolivie ?
– Déjà parce que c’est en Amérique du Sud ! Mais aussi parce que sa taille se prête parfaitement aux trois mois qui nous sont impartis. La diversité des paysages est incroyable ; on part des prairies humides de l’Est pour terminer au lac Titicaca sur l’Altiplano. Ne me dis pas que le montagnard que tu es n’est pas sensible à l’appel des Andes ! Et puis la Bolivie est l’un des pays les moins développés du continent, le dépaysement est assuré ! »
Ses yeux s’illuminent, la perspective d’une escapade frappée du sceau de la nouveauté totale l’en chante.
« Le projet s’appelle : Hasta el Lago, qui veut dire « jusqu’au lac ».
– Et pourquoi ce nom ?
– C’est sûr que les gens croisés, une fois passée la stupeur de voir notre étrange équipage, nous demanderont immanquablement où nous allons. Et alors, on leur répondra : Hasta el Lago !!
– Magnifique… je signe ! »
Carnet de voyage au Costa Rica de Bruno Maximin & Jason Costa à découvrir dans Numéro 59.
Chaque trimestre, recevez dans votre boîte aux lettres de nouveaux carnets de voyages, dans le dernier numéro de la revue Bouts du Monde