Kirghizstan : juste avant l’hiver
Il ne faut pas demander à un peuple de nomades de construire des jolies villes. Les villes du Kirghizstan sont des banlieues d’un bout à l’autre dressées parfois avec des vieux containers de la marine marchande. Même Och, la ville deux fois millénaire posée dans la vallée du Fergana, n’a semble-t-il jamais conservé un bâtiment plus de cinquante ans.
Sur le bord des routes où s’alignent les vendeurs de pastèques, les maisons en construction rappellent curieusement les maisons en ruines. Mais personne ne va au Kirghizstan pour traîner en ville.
A la gare routière de Bishkeck, la marshroutka numéro 96 annonce la promesse des steppes. (…)
Avant de dépenser leurs soms au bazar achalandé avec les produits chinois qui ont franchi le Torugart, les Kirghizes couraient au galop dans les steppes avec un aigle posé sur leur poing tendu pour chasser le lièvre ou le lapin. Tout d’un coup, on se sent un peu empoté dans nos pompes Salomon. Ils ne sont plus que quelques dizaines à pratiquer. Surtout l’hiver, à l’abri de nos regards. L’été, il faut payer pour voir les chasseurs à l’œuvre. Même quand les aigles n’ont pas faim.
C’est une vieille UAZ soviétique hors d’âge qui nous mène à proximité du pic Lénine. Chacune des pièces qui composent encore le vieux 4×4 de l’armée ne semble pas avoir été réparée moins d’une trentaine de fois. Le chauffeur sait choisir les endroits pour ouvrir le capot de son moteur fatigué. A travers l’embrasure de la portière ouverte, un lac bleu et des montagnes violette et verte flattent l’objectif de l’appareil photo. A travers le pare-brise mille fois brisé, l’image du chevalement d’une mine d’or abandonnée fait vagabonder l’imagination.
Est-ce la ruée vers l’or qui a présidé à la naissance de Sary Mogol, dans la vallée de l’Alaï ?
Carnet de voyage de William Mauxion à découvrir dans Numéro 26
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