La poésie d’une aire d’autoroute
– EXTRAIT –
Dimanche 7 juin, Autogrill, 14 h 45. C’est quand même l’un des rares endroits où l’on peut manger à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Petit dej à 22 heures, spaghettis bolognaise à 9 heures, une sensation de liberté grisante ! Tout est permis. La preuve que l’Homme n’a pas tant besoin de repères. Ou pas ceux-là. Voyez comme il se sent bien quand il destructure son quotidien. Ne serait-ce qu’alimentaire. L’autoroute est à la route ce que le bolino est à la cuisine : simple, rapide, efficace. Il faut vraiment un regard d’enfant pour s’en émerveiller !
Je suppose que c’est cet enfant qui sourit dans nos yeux aujourd’hui, aussi heureux d’être ici que dans ces autres endroits où nous avons déjà voyagé, sommets enneigés d’Himalaya, chemins escarpés de la cordillera Blanca, ambiances bigarrées des marchés du monde entier, bars enfumés où le monde se refait, rues des capitales bondées, tous ces lieux dans le temps et hors du temps où nous avons toujours vu, parfois rencontré, un petit bout d’humanité. Regarde-toi petit homme à travers tous les peuples et toutes les natures. Mais s’il te faut courir bien loin parfois pour t’émerveiller, garde ce coeur purifié que le monde aura nettoyé pour offrir ton regard et la beauté d’un quotidien oublié…
Apéro avec Raymond, 47 ans, ancien patron de bar mais surtout chauffeur routier. Raymond, il faut l’écouter pour deviner ce qu’il est : un conteur au verbe haut qui parle comme d’autres « tirent » à la pétanque, ne cherchant pas à faire glisser mais à percuter…
Carnet de voyage d’Emmanuelle Faye, Hélène Fournié et Jean-Sébastien Faure à découvrir dans Numéro 38
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