L’Amérique des gares routières
– EXTRAIT –
Décider de voyager en bus Greyhound, en Amérique du Nord, c’est un peu jouer à la loterie. Beaucoup même. L’heure, le décalage, les correspondances, tout cela devient futile. Plus les trajets sont longs, moins il est nécessaire de regarder sa montre et encore moins de s’ennuyer à la régler aux fuseaux horaires. Tout ce qui compte, une fois à bord, c’est que le bus roule. Il ne reste plus qu’à se laisser guider et prendre son mal en patience. Pour peut-être tirer le bon numéro et atteindre la destination comme prévu initialement.
Un premier essai singulier me pousse à retenter l’aventure, en solo. Deux mois plus tôt, c’était en duo. Trois bus. Trente-quatre heures. Une frontière. Sept États traversés. Quinze gares. Deux nuits et une journée pour rejoindre Nashville, Tennessee, États Unis, depuis Montréal, Québec, Canada. New Jersey, Delaware, Maryland, Virginie.
Les États se succèdent. trente-quatre heures où le jour et la nuit n’ont plus vraiment de sens. Au fur et à mesure que les kilomètres défilent, les repères vacillent, les sens sont bousculés. Bienvenue dans l’expérience Greyhound. En plein cœur d’un mythe, celui de l’appel de la route, des grands espaces et de la liberté, l’Amérique et sa noirceur se dévoilent peu à peu. On bascule dans un autre monde.
Carnet de voyage de Gaëlle Noémie Jan, à découvrir dans Numéro 27.
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