Laos : au centre du village
Je dors avec une robe longue, qui me couvre bras et jambes, mais cela n’empêche pas les enfants curieux de regarder par la fenêtre l’étrangère s’endormir sur sa paillasse. Peu de temps après m’être endormie, une tape vigoureuse, et étrangement familière, me sort de mon profond sommeil.
La vieille femme, qui a revêtu un tee-shirt de foot pour l’occasion, m’ordonne de me lever et de la suivre. Je m’exécute. Je me retrouve au milieu du salon, au cœur d’une assemblée étrangement solennelle.
Le chef, sa femme et quelques hommes me font signe de m’asseoir. Arrive alors un adolescent d’environ dix-sept ans, torse nu, puis un deuxième, et un troisième, tous torse-nu. Ils marchent dans la pièce, intimidés, sans oser me regarder. La grand-mère m’a organisé un « casting » afin que je me choisisse un mari et la voilà radieuse de conjurer l’horrible malédiction qui pèse sur moi.
J’étudie alors rapidement l’option qui m’est offerte de poursuivre ma vie à élever des cochons avec un adolescent dans une des contrées les plus reculées de la planète… Mais l’urgence est de trouver un moyen de sortir de cette situation embarrassante, et sans froisser mes hôtes.
Mon imagination se met en marche et l’idée prédominante de mon esprit embrumé est le fameux adage : « Courage, fuyons ! » Je me demande combien de temps nécessiterait la construction d’un radeau au milieu de la nuit.
© Carnet de voyage de Slovia Roginski à découvrir dans Bouts du monde n°26
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