L’art de s’y perdre
– EXTRAIT –
6 h 55 heure locale. La première impression une fois à l’aéroport est mitigée : avant d’entrer dans le pays, nous devons être photographiés, et laisser nos empreintes. Nous n’avons même pas mis le nez dehors que nous sommes fichés. Au moins, cela donne le ton… Celui d’un pays rigoureux, où rien n’est laissé au hasard, et où l’on ne doit pas se manquer. Gloups. Une fois ces formalités accomplies, nous voilà lâchés ! Attention, restons concentrés : il nous faut maintenant prendre le train jusqu’à Tokyo. Rémi s’approche d’un guichet et demande deux tickets à un employé qui, forcément, nous en vend deux, mais pour le train le plus cher. Rémi arrive à se faire comprendre et, nos deux sésames à mille yens chacun dans les mains, nous descendons sur le quai. Ici, il y a beaucoup d’étrangers, ma curiosité n’est pas encore satisfaite. Cela fait quelques jours que je me demande comment ça fait d’être au milieu de plein de Japonais. Nous montons dans un train et c’est parti pour Tokyo. Les banquettes sont confortables, en tissu, et bien rembourrées. Autour de nous, beaucoup de voyageurs semblent tout aussi fatigués que nous, mais tout aussi fébriles, une grimace entre sourire et rictus nerveux sur le visage…
Nous apercevons quelques maisons en bois traditionnelles. Le paysage est plat, mais parfois des forêts jaillissent en touffes foisonnantes. La forêt, ici, fait comme des demi-boules assez hautes posées sur le sol. Les stations passent. À chaque fois, nous vérifions bien d’être là où nous devons être. Nous n’arrivons pas à nous relaxer totalement… Rémi me lit les noms des gares. J’essaie de me souvenir des quelques hiraganasque j’ai appris, mais je suis trop fatiguée, tout s’embrouille. À un moment donné, Rémi bondit : nous ne sommes pas là où nous devrions être ! Nous descendons du train, cherchons où nous nous trouvons exactement, et comment rallier la gare de Ueno, proche de notre ryokan. Je ne me rappelle plus comment Rémi a trouvé la ligne à emprunter. Je sais juste que nous avons ensuite pris la Ginza Line, et que j’étais fumasse…
Carnet de voyage de Rémi Maynègre et Sandrine Garcia à découvrir dans Bouts du monde 45
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