Le bus
– EXTRAIT –
Dessiner dans un bus demande une certaine dextérité et posture. L’exercice présente deux contraintes. Tout d’abord l’immobilisation du bus à un arrêt est l’occasion d’esquisser frénétiquement jusqu’au nouveau départ. Puis au cours du trajet, je m’adapte et trace entre les coups de freins, les virages serrés et les accélérations. Ensuite, à ce premier travail d’habileté s’ajoute la posture. Il existe un jeu implicite entre le modèle qui se sait observé et le dessinateur repéré. Ici l’œil a plus d’importance que la main car il faut prendre très rapidement des photographies mentales du passager puis revenir au carnet. Je me dis souvent qu’il faut aimer les gens pour les dessiner autant.
(…)
Ce temps passé à dessiner dans le bus est devenu précieux, je me prends au jeu et au fil des mois, spontanément, je fais basculer l’exercice du croquis vers quelque chose de différent. D’une pratique d’observation je passe à une adaptation plus personnelle. Mon univers graphique apparaît, je transforme les personnages au gré de mon inspiration avec beaucoup de liberté. Les visages sont parfois transformés en créatures, les corps sont exagérés ou déformés, un bestiaire imaginaire naît, se mêlant aux passagers ou faisant corps avec eux. Souvent j’accompagne les illustrations de phrases, de citations, de sous-titres pour proposer une nouvelle lecture du sujet.
Carnet de voyage de Vincent Normand, à découvrir dans Numéro 33
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