Le chant d’un monde
– EXTRAIT –
Je venais de me marier, je n’avais pas eu de voyage de noces. Cuba m’appelait à ce moment-là. Innocemment, je rêvais de partir… Déjà deux ans sans bouger ou si peu, j’avais trop donné, trop trimé, je devais m’échapper, me retrouver. J’étais épuisée. Vidée. J’avais un besoin vital de m’isoler, de couper avec mon site de carnets de voyages (uniterre.com, ndlr), de revenir à la peinture…
Mon associé travaillait à La Havane depuis six mois, sillonnant la ville le reste du temps, tout à sa passion pour le pays. Son coup de fil a tout déclenché : « Viens, maintenant ! N’attends plus, viens faire un carnet de voyages. Je me suis fixé dans une maison assez grande, j’ai parlé de toi à la grand-mère qui va t’accueillir, il reste une chambre, tu es attendue ! »
En effet, pourquoi rester ? Une famille matriarcale à trois générations dirigée par une vieille prêtresse vaudou de La Havane, une grande maisonnée dans un quartier ancien mais pas touristique, un hébergement illégal pour partager les conditions de la vie locale et non subir le discours touristique, un pays mythique, particulièrement riche en histoire, des gens réputés sincères, gais, courageux et cultivés, un pays baigné de couleurs, d’amour de la vie, de musique, c’était l’idéal pour ma vie d’artiste laissée en jachère. Et sur place, je retrouverais un ami cher, traducteur vivant, passionné, assez patient pour me laisser vivre et peindre à mon rythme. N’était-ce pas idéal ? En trois jours, mon visa et mes bagages – peintures comprises – étaient faits ; j’allais retrouver mon souffle, l’inspiration, la vie ! Je reviendrai, c’est sûr, avec des cigares pour tous
Carnet de voyage de Christelle Guénot, à découvrir dans Numéro 31
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