Le charme discret des Orcades
En embarquant pour les Orcades depuis le port de Scrabster, tout au nord de l’Écosse, je n’imaginais pas encore que les quelques kilomètres de traversée allaient me transporter dans un monde tout à fait différent de ce que j’avais déjà rencontré en Écosse au cours de mes différents voyages. Finis les Highlands avec ses hautes collines, le relief s’apaise dans les Orcades.
Terminés également les clans avec leurs préfixes en Mac, c’est icile royaume des Magnus. C’est que, dans les Orcades, l’influence viking est forte ; Norvège et Écosse se sont longtemps disputé cet archipel constitué de seize îles.
Dès le début de la traversée en ferry vers les Orcades, la mer est très agitée ; le bateau dévie de sa trajectoire habituelle et, recherchant des eaux plus calmes, passe entre les îles. Ce changement de parcours ne nous permettra pas de voir ce soir le Old Man, impressionnante curiosité géologique de grès rouge à l’ouest de l’île de Hoy. Peu importe, la traversée m’enchante : sur le pont, en ce début de mois de mai, alors que le froid mordant de cette soirée a dissuadé les passagers de s’y aventurer, je contemple les mille couleurs du ciel, variant au gré des averses noires et des trouées jaunes du soleil entre les nuages.
Ces pierres assemblées minutieusement il y a des millénaires garderont toujours une part de mystère et cela me convient parfaitement : leurs énigmes me captivent et, si elles étaient résolues, ces roches perdraient à mes yeux leur attrait
Nous débarquons à Stromness, joli port aux maisons de pierres sombres, sur l’île principale des Orcades. C’est ici que vivent la plupart des vingt mille Orcadiens ; elle s’appelle Mainland ; je trouve ce nom horriblement banal, triste, décevant et, je le découvrirai dans les prochains jours, pas à la hauteur du caractère singulier de cette île !
Extrait d’un carnet voyage de la revue Numéro 43
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