Le Yamal ou l’extrémité du monde
– EXTRAIT –
Nous arrivons dans la soirée. Perdues dans une plaine enneigée, au milieu de nulle part, six tentes de forme conique appelées tchoums d’où sort une fumée blanche, se détachent sur un ciel plombé. De nombreux traîneaux dont certains encore chargés sont alignés, des chiens aboient pour nous accueillir et puis au loin, trois lueurs de flammes venant d’une installation pétrolière donnent une impression étrange. Le décor est planté, il doit faire entre moins 15 et moins 20 °C. La brigade n° 17 est installée ici depuis quelques jours, elle se compose d’environ vingt-cinq personnes d’une même famille et de quelques amis. Notre hôte et chef de brigade Youri, sort et vient nous saluer en nous invitant à entrer.
En atterrissant à Salekhard, la surprise avait été grande de voir un centre-ville moderne aux bâtiments récents, colorés ou vitrés. Mais à l’écart, d’anciens immeubles en bois semblables à ceux que l’on rencontre dans la plupart des villes du nord de la Russie, témoignent d’un passé plus austère. C’est mon quatrième séjour dans le nord de la Sibérie et c’est bien la première fois que je découvre d’aussi remarquables immeubles. Après une demi-journée en 4×4 sur une piste glacée et dangereuse, l’étonnement a été le même en arrivant au village Nenets (ou Nénètse) de Yar Salé, qui se situe au-dessus du cercle polaire, sur la rive nord de l’Ob, un des plus grands fleuves de Russie.
Devant sa belle église orthodoxe aux bulbes dorés, une énorme statue d’ourse polaire protégeant ses petits sous son sein, accueille le visiteur. Tout est flambant neuf, les bâtiments administratifs habillés de verre ou de briques rouges égaient la ville encore sous la neige en ce mois d’avril. Ces deux villes ont connu un essor particulier il y a une quinzaine d’années, grâce au gaz et au pétrole qui abondent dans la région. Nous sommes au Yamal qui signifie « à l’extrémité du monde » et qui détient un tiers des réserves mondiales de gaz naturel, et c’est d’ici que provient une grande partie du gaz qui alimente l’Europe.
Carnet de voyage de Jacques Ducoin à découvrir dansNuméro 34
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