Les manuscrits du Sahara
– EXTRAIT –
Je fais la connaissance de Didi qui travaille à l’auberge et me parle de sa ville. Du combat perpétuel contre l’ensablement et le déplacement des dunes. Des Espagnols qui investissent de plus en plus dans la région. Le lendemain matin, nous nous rendons dans la bibliothèque de sa famille située dans la vieille ville. Une quinzaine de familles de Chinguetti possèdent des bibliothèques anciennes dont les collections se transmettent depuis des générations de père en fils selon le droit coutumier. Didi m’explique que ses cousins et lui sont chargés de la conservation de l’héritage familial. La pièce où sont entreposés les ouvrages est basse de plafond et pratiquement aveugle. La température y est relativement stable et plutôt adaptée à la conservation des manuscrits, m’explique-t-il. Mais l’air est sec et nécessite une humidification, parfois obtenue en plaçant simplement une guerba – une outre en peau de bouc – au milieu de la pièce.
Didi me décrit les manuscrits appartenant aux familles de la ville : « On y trouve des exemplaires du Coran et des hadîths, des écrits soufis, des ouvrages de mathématiques, d’astronomie, de médecine mais aussi des registres de ventes, des grammaires… Certains livres racontent le périple jusqu’à La Mecque qui pouvait alors durer des mois ! ». Les collections des bibliothèques comprennent des manuscrits produits sur place et d’autres réalisés ailleurs. On retrouve par exemple des styles d’écriture provenant d’Afrique du Nord.
Le sable est un ennemi redoutable pour les habitants de Chinguetti. Il gagne du terrain partout. On peut voir des maisons abandonnées et remplies de sable
Carnet de voyage de Gilles Oger à découvrir dans Numéro 39
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