Lumières in the Skye
EXTRAIT :
Nous mettrons deux jours pour atteindre Aviemore, un petit village aux pieds du massif des Cairngorms.
Ici, commence notre voyage. Ici, commence la relation que je construirai avec ce pays. Ici, commence une histoire passionnelle, entre amour et haine, entre attraction et répulsion, entre admiration et dégoût. Nous entrons dans le massif du Cairngorms. Deux heures de marche plus tard, nous nous familiarisons avec notre premier bothy, un petit refuge utilisé par les gardes forestiers, rangers et randonneurs de passage.
C’est une simple construction en pierre, perdue au milieu d’une étendue de bruyère, qui subit les assauts du vent et des courtes averses qui se succèdent. Le vent qui vient frapper cette bicoque a fait sauter le verrou de la porte. Cela nous fait réaliser que nos nuits dans la tente ne seront pas simples. À l’excitation succèdent les questionnements. Sommes-nous assez préparés pour partir plusieurs jours en randonnée ? La pluie incessante va-t-elle freiner notre découverte ? Cette première nuit dans ce refuge a fait naître plus de curiosité que de peur, face à cette nature sauvage, vierge, battue par les bourrasques. Nous sommes désireux d’en savoir plus.
L’île de Skye nous offrira un des plus beaux instants de ce voyage. Au nord de l’île se trouve un bothy, face à la mer, perché sur une falaise. Après une heure de marche sur une langue de terre s’avançant dans la mer, nous atteignons le bout de l’île. Le Lookout Bothy se tient face à l’océan. À quelques mètres du vide, il admire la mer des Hébrides. Une baie vitrée ouvre notre regard sur une mer fougueuse. Au loin, nous apercevons Harris et Lewis, notre prochaine destination.
Au bord de la vitre se trouve un petit comptoir avec un tabouret. Je m’assois, fixe la mer et me perds dans mes pensées. Le fracas continuel des vagues sur la falaise et du souffle sur la cabane m’hypnotise. Après un moment à explorer les méandres de mon esprit, mon regard se fige et devient livide, il m’est impossible de décoller mon nez de cette vitre. Les gorgées de whisky ponctuent mes songes et, tel un bateau en détresse, je dérive face à l’océan sans pouvoir retrouver le chemin de la réalité.
Offrons nos corps à ce qui se trouve devant nous, laissons les esprits et la magie de ce pays nous malmener et nous réconforter, laissons-nous tomber dans les mystères que ces terres dissimulent.
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