Mon inventaire intime de Madagascar
– EXTRAIT –
Le nez dans les guides touristiques, Olivier et moi cherchions une destination pour sortir des sentiers battus. Un mini-paragraphe attira notre attention. Le Parc national d’Ankarafantsika semblait n’être proposé que par quelques tour-opérateurs, pour le côté pratique de sa situation en bord de route à une heure de Majunga. « Une demi-journée de visite, pas plus ! » Une forêt au feuillage semi-caduc, un grand canyon, un lac accessible en bateau, tout nous semblait réuni, pourtant, pour permettre de belles observations variées. La décision fut prise en quelques minutes seulement. Nous tenterons donc notre chance et y resterons cinq jours. Un petit mail envoyé à la hâte à l’adresse trouvée et nous voilà à la gare nord des taxis-brousse d’Antananarivo.
« Deux places pour Majunga s’il vous plaît, mais nous descendrons avant !
– Pas de problème, tout est possible à Madagascar.
– Quand part le prochain taxi ?
– À 18 heures, s’il est plein ! Mais vous pouvez acheter toutes les places libres pour être sûrs ! »
Finalement, nous choisirons l’option « on verra bien ! » plutôt que de jouer les nantis. Le top départ est donné vers 20 heures, sac à dos photo serré amoureusement sur les genoux pour qu’il ne se retrouve pas, avec une demi-tonne de bagages et cinq poules vivantes sur la galerie surchargée de notre camionnette KIA Pregio.
En route… taxi-brousse. L’ambiance est à la fête ; sur un petit écran à l’avant passent en boucle les clips à dominance asiatique, des chansons, apparemment populaires, reprises en chœur par l’ensemble des voyageurs. La nuit est immense, seuls des feux de brousse, bien trop nombreux à notre goût, viennent, troubler le noir profond qui nous entoure. Le taxi-brousse se couche presque sur le flanc dans les virages serrés, l’inquiétude est là mais, heureusement les véhicules que nous rencontrons semblent tous aller dans la même direction, comme si le pays tout entier savait que, la nuit, il n’était pas autorisé d’aller en direction de la capitale. Une courte pause vers minuit nous permet d’avaler une soupe et de vider notre vessie. Espérons que le chauffeur se repose bien avant de repartir.
Vers les deux heures du matin, le taxi stoppe brusquement. Personne ne bouge. Puis nous entendons : « C’est ici ! » Du français, cette information nous est forcément adressée. Nous descendons en remerciant notre chauffeur et le véhicule disparaît rapidement. Dans le noir total, nous nous demandons, un peu inquiets, si le lodge a bien reçu notre mail
Madagascar : Carnet de voyage de Lorraine Bennery à découvrir dans la revue Numéro 44
Chaque trimestre, recevez dans votre boîte aux lettres de nouveaux carnets de voyages, dans le dernier numéro de la revue Bouts du Monde