Namibie : l’intimité d’un peuple
– EXTRAIT –
Warimisa doit flirter avec les 18 ans. Il est très vite devenu mon frère dans le village. On partage l’amour de la nature, du calme et des animaux. Il m’a emmené faire paître les chèvres dans la montagne. Sur le chemin, il m’a souvent fait faire un détour pour nous asseoir devant un point de vue magnifique. Un jour, nous sommes restés une heure sans rien dire face aux montagnes angolaises. Un autre, c’était pour observer un troupeau de babouins. Kazehirwa est sa très proche sœur. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre son prénom mais tout le monde l’appelle Titi. Sur sa carte d’identité, c’est le très beau nom d’Ebène qui est inscrit. Pas toujours facile de s’y retrouver…
À sa coiffure, l’ozosetwa, on sait que Titi est une femme. À son gros collier, l’ovanbwena, on sait qu’elle n’a pas encore d’enfant. En fait, elle est « prête à marier » et ses parents sont en train d’évaluer les prétendants pour choisir celui qui sera apte à s’occuper de leur fille, c’est-à-dire gérer le bétail, la nourriture, assurer sa protection… Le mariage, appris au dernier moment
par l’intéressée, est souvent vécu comme une grande joie. Les parents sont très attentifs, en tout cas dans mon village. Et si jamais ça devait mal se passer, la jeune mariée a la possibilité de revenir au village de ses parents, comme l’a fait Mokatjoia. Le divorce est également possible, avec des tensions mais pas systématiques.
Tjipana est une sœur qui a décidé de ne pas suivre les traditions. Elle ne porte ni les coiffures ni les parures himbas. Même avec le temps, je n’ai pas réussi à comprendre la raison. Dans certains villages, ce genre de décision est très mal vécu. Mais à Kongonda, Tjipana n’en semble pas blâmée.
Titi m’a toujours réservé de très beaux sourires et des expressions particulières. Elle s’attache à m’apprendre le nom des différentes parures, très importantes dans la tradition himba. Elle s’amuse aussi de mon faible sens de l’orientation. Depuis que j’ai passé l’hémisphère sud, j’ai l’impression que j’ai perdu ma boussole interne. Par contre, j’ai appris à sentir l’odeur de l’eau, très utile dans ces contrées touchées par une désertification accélérée.
Tjipana est une sœur qui a décidé de ne pas suivre les traditions. Elle ne porte ni les coiffures ni les parures himbas. Même avec le temps, je n’ai pas réussi à comprendre la raison. Dans certains villages, ce genre de décision est très mal vécu. Mais à Kongonda, Tjipana n’en semble pas blâmée. Sa technique pour me faire parler est un peu directe. Elle me dit : « Parle ». N’étant déjà pas très prolixe habituellement, je suis de surcroit handicapé par la barrière de la langue. Titi et Ryomandenda ont plus de succès avec leurs méthodes.
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