Nouveau monde
– EXTRAIT –
C’est un univers à la croisée des mondes, là où les légendes ne se sont pas éteintes, un voyage où la grâce règne sur les pas du quotidien. Je m’y rends pour contempler une richesse imperceptible, une poésie que l’on n’apprend pas dans les livres.
Jour 1. Durant le survol de l’île, un nouveau soleil illumine la feuille sur laquelle je t’écris. La lumière s’abat sur les eaux, recouvrant les frontières de cette nouvelle réalité. J’attends ce nouveau monde avec impatience. L’homme sur ma gauche place sa main sur sa montre. Il saisit le remontoir et ajuste l’heure de notre arrivée. Projection dans le futur où de nouvelles règles laissent entrevoir de nouveaux espoirs. Tic tac, tic tac, les aiguilles battaient le rythme de l’altitude décroissante : nouveau sol, Tokyo.
Tokyo, la ville où l’on s’égare, avec l’espoir entre les mains que le trajet sera une porte au travers du vieux monde.
L’émotion se fixe soudainement sur le film, figée dans le détail. Le temps ralentit puis s’arrête, un éclat surgit de la scène. Un sentiment indépendant et propre à chacun de nous émerge doucement. Vous verrez de la tendresse là où je verrais de la crainte. Le monde devient calme et immobile, imprégnant délicatement le papier sur lequel il livre ses plus complexes sentiments. La photographie devenait au fur et à mesure un langage rempli d’espoirs et de secrets.
Jour 5. Tokyo, la ville où l’on s’égare avec l’espoir entre les mains que le trajet sera une porte au travers du vieux monde. Ici, les villes fleurissent à la tombée du jour au travers de leurs lumières artificielles, devenant alors de fins joyaux résonnant dans la nuit. Je tente de m’oublier dans un horizon de promesses, avec pour seul bagage, l’infime idée que c’est au bout du monde que se trouve toujours l’antique secret de notre vie. Je peux seulement admirer.
La feuille est installée sur le comptoir d’un bar isolé au tréfonds de la montagne. Le stylo qui gratte les idées que je voudrais tant te raconter, à toi, celle qui m’a offert un regard sur le Monde. C’est ici que je te retrouve à la lisière des terres où la beauté se lève et se couche au gré du vent. Sur cet archipel où les côtes s’embrasent sous la lune rouge du Pacifique, là où tu hantes les brumes d’Iya, recouvrant ses vallées et où tu disparais dans le blanc éternel des monts de Shikoku. La lumière unique de cette île habille chaque cliché d’une émotion singulière.
Les photographies de Maxime Massare à découvrir dans Bouts du monde 45
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