Passeport et mafia russe
– EXTRAIT –
25 octobre, Tashkent. Nous avons vivement souhaité récupérer notre passeport avec le visa de transit tant attendu aujourd’hui, comme prévu à l’origine. Ce matin, nous sommes donc retournés faire le pied de grue devant le magnifique temple de marbre, en espérant que les archanges de l’ambassade entendent notre appel.
Nous avons été exaucés. Nous avons reçu le petit carré de papier tant désiré. En l’observant, nous pouvons voir que c’est un visa de transit de cinq jours qui commence le 2 novembre. En observant bien notre visa ouzbek, nous remarquons qu’il s’arrêtait le 24 octobre.
Nous avons récupéré notre passeport avec un visa de transit, comme demandé, mais nous sommes clandestins en Ouzbékistan depuis hier et cela donc jusqu’au 2 novembre.
26 octobre, Tashkent. Nous traversons Tashkent le ventre serré. Le métro nous est désormais interdit. C’est l’endroit de prédilection pour les contrôles. La rue est un peu plus sûre, mais l’ennui qui pèse sur les policiers plantés sur les trottoirs aussi régulièrement que les poteaux électriques, pourrait très bien les pousser à réclamer nos passeports, juste pour se divertir, ce qui nous conduirait directement en prison d’après Ivan du centre culturel français. La vie est dure pour les clandestins en Ouzbékistan.
« Service de l’ambassade de France bonjour.
– Bonjour je vous appelle, parce que j’ai un petit problème de visa et qu’on me demande de passer six mois en prison…
– C’est embêtant…
– Oui, un peu… »
27 octobre, Tashkent. Valentin Ivanov nous a donné rendez-vous près de la station de métro qui jouxte les bâtiments de l’OVIR. Il tient un petit dossier de cuir dans ses mains manucurées. Il allume une cigarette et s’adresse à Tristan. Les nouvelles sont mauvaises.
« C’est plus compliqué que je pensais, ils demandent une grosse amende. 4 000 dollars par personne, moi compris. Florian peut choisir de se faire déporter s’il ne peut pas payer. Pour le visa business, il y a deux solutions : l’amende ou six mois de prison ».
Ivanov est convoqué par le chef des services de l’OVIR, mais personne ne nous invite à entrer. Nous devons attendre sagement à l’extérieur qu’un mafieux russe et une administration corrompue décident à quelle sauce nous devons être mangés. J’estime que la situation m’autorise à utiliser le numéro d’urgence de l’ambassade que nous a donné Ivan. J’appelle.
« Service de l’ambassade de France bonjour
– Bonjour je vous appelle, parce que j’ai un petit problème de visa et qu’on me demande de passer six mois en prison…
– C’est embêtant…
– Oui, un peu… »
Carnet de voyage en Ouzbékistan de Vincent Robin-Gazsity à découvrir dans Numéro 26.
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