
Port-au-Prince, une ville quand même
Des cortèges mortuaires se mêlent à la rue qui défile en rendant ses derniers hommages en fanfare. Autour, ce sont mille bruits de vie, de rires, de rage, de musique et de cris…
Un tourbillon de sensations qui vous terrasse dans ce décor de capitale renversée, de maisons détruites offrant autant de passages ouverts que de raccourcis labyrinthiques.
Assis sur une pierre – et j’ai le choix – je commence à croquer ces espaces urbains décomposés et ces lignes brisées. Totalement déstructuré, fracturé, Port-au-Prince est d’une agressivité perturbante.
Par quel graphisme incisif retranscrire cette impression ? Faut-il déchirer, arracher, froisser des pages de mes carnets à l’instar des secousses sismiques ? Comment représenter les stigmates du séisme et ses conséquences humaines ?
Un sentiment oppressant que seul mon crayon pourrait m’aider à dompter, atténuer. Je ne sais pas comment intégrer cette vie demisère qui déambule dans ces décombres dans une sorte de frénésie urgente.
© Carnet de voyage de Fabory Mara à lire dans Bouts du monde n°25
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