Carnet de voyage à Tokyo
Carnet de voyage à Tokyo

Quel cinéma !

Tokyo a fait un cinéma pas possible à Egil Bain : un bout de scénario de Miyazaki ici, peut-être un décor de Ridley Scott là. Pas étonnant, ici toutes les rues semblent avoir une histoire à raconter.

EXTRAIT : 

J’ai toujours eu le sentiment que je tomberais amoureux de Tokyo dès que j’aurais la possibilité d’y poser le pied. Rétrospectivement ce n’est pas si surprenant : issu de la génération qui a grandi dans les années 80, j’ai été nourri par les animés où les mégalopoles nippones n’avaient de cesse d’inspirer le cinéma dont j’étais avide.

La logistique est bien huilée, je me procure de la monnaie locale et je m’engouffre dans le train express qui doit m’emmener au cœur de Tokyo. Mes yeux sont curieux de tout. Je suis le genre de mec qui s’installe toujours au hublot dans un avion, à la fenêtre du train, juste parce que je veux tout voir. Une petite heure de trajet où je pose mon regard de gamin sur la campagne japonaise. Paisible, verdoyante, vallonnée, les maisons en rangs… comme décrite par Miyazaki. Totoropourrait bien avoir été imaginé ici.

Dans le métro, c’est un ballet de costumes incessant. C’est l’habit de l’actif, l’habit sérieux des gens sérieux. Il est sombre et sans intérêt la plupart du temps mais, de temps en temps, on aperçoit l’excentricité, une révolte qui vaut le coup d’œil

Mais trêve de rêverie, la tentaculaire Tokyo était déjà là pour me sortir de ma contemplation. Il faut être paré pour débarquer dans l’immense fourmilière ordonnée qu’est la gare de Tokyo, se repérer dans la foule, monter, descendre, remonter, éviter les pieds des hommes en blazer qui se chaussent trop grand, ne pas comprendre les indications, prendre le bon wagon, sa bonne couleur…

Dans le métro, c’est un ballet de costumes incessant. C’est l’habit de l’actif, l’habit sérieux des gens sérieux. Il est sombre et sans intérêt la plupart du temps mais, de temps en temps, on aperçoit l’excentricité, une révolte qui vaut le coup d’œil mais toujours, toujours la dignité. Une dignité qui m’a farouchement manqué quand je me suis aventuré à demander mon chemin à une jolie Japonaise. Elle n’avait pas de mots d’anglais à me donner, alors je me suis contenté de sourire comme un abruti, avec mes yeux gris sans lumière de sortie d’avion. Ces premières heures au cœur de l’ogre nippon représentent l’une de ses multiples facettes, la plus évidente que chaque nouvel arrivant hagard devra expérimenter ou subir. J’avoue, j’ai beau m’être organisé, j’ai été pris de court. Mais cela conforte mon envie de me perdre dans cette ville, me laisser guider par ce flot incessant. Un véritable appel. Ne jamais refuser une invitation, ne jamais résister à l’inconnu, aspirer à l’expérience. Éprouvant ? Ça vaut donc probablement le coup.

Carnet de voyage d’Egil Bain à découvrir dans Bouts du monde 45

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