Reines de Sabah
– EXTRAIT –
Un léger souffle dans la nuque, une voix dans mon oreille : « Welcome to Yémen ». Je me retourne. Personne ! Ou plutôt si : une foule. La foule effervescente d’une salle de débarquement d’un aéroport, des hommes s’embrassent à grand renfort de salamalek, des femmes réunissent des bagages : des cartons, des sacs colorés, des valises. Elles vont et viennent comme des ombres noires. Une foule et personne en particulier. Welcome to Yémen !
Il était une fois… Pour l’instant, mon Yémen se réduit au grincement strident du carrousel de bagages. La chaleur lourde et poussiéreuse colle à la peau, l’odeur âcre de sueur et de tabac froid irrite les muqueuses. En mettant le pied sur le pays de Droite, Rimbaud se posait la question : « Qu’est-ce que je fais ici ? ». Moi, non ! Je sais ce que je suis venu faire ici. Je ne connais pas encore le résultat de cette errance ; par contre, j’ai longuement arpenté le sentier qui débouche aujourd’hui à l’ombre des remparts de Sana’a, la capitale du pays.
Quand j’avais 4 ou 5 ans, ma mère me contait des histoires pour m’endormir. Étaient-ce ces histoires fabuleuses ou le son de sa voix durant ces moments privilégiés que j’adorais ? Elle, assise sur le bord du lit, et moi enfoui sous la couette, ne laissant dépasser que le bout de mon nez. Une légende revenait régulièrement, car j’imagine que maman l’aimait plus que moi. Elle me racontait comment Salomon avait usé de ruses et de stratagèmes pour imposer la belle Reine de Sabah à son peuple.
L’intégralité du carnet de voyage de Jean-David Laurence au Yémen est à lire dans Numéro 31.
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