En roue libre sur la route du Karakoram
– EXTRAIT –
Après une semaine passée sur la Karakoram Highway du côté chinois, je franchis la frontière avec le Pakistan par le col de Khunjerab (4 693 mètres d’altitude), le plus haut passage frontalier du monde. Depuis Kachgar, je n’ai fait que grimper pendant trois cents kilomètres.
C’est une libération de se laisser filer en roue libre le long de la route qui serpente dans la vallée de Hunza, au nord du Pakistan. Les Pakistanais me réservent un accueil extraordinaire. Partout où je vais on me salue, on me sourit et on me questionne sur les raisons de ma visite. Je dévale la route sertie de glaciers et de pics acérés le long du fleuve Indus et de ses affluents. Quand je fatigue, je me repose dans les cultures d’abricotiers et de cerisiers.
Pendant l’été, la fonte des glaces alimente les différents cours d’eau et la région est très fertile. Entouré de monts enneigés, je roule seul dans ce paysage grandiose. Mais bien souvent quand je m’arrête dans les villages, j’ai rapidement de la compagnie. Il ne se passe pas cinq minutes sans que l’on m’invite à prendre le thé ou à me joindre à un repas. J’accepte toutes les propositions avec entrain et toujours nous passons un moment d’échanges délicieux. Ma douce errance est interrompue peu avant la ville de Chilas située dans une région assez tendue qui fait l’objet d’un certain nombre de tensions inter-religieuses.
C’est aussi la région où neuf touristes étrangers d’Europe de l’est, des États-Unis et du Népal ont été égorgés en 2013 par les talibans. La situation est aujourd’hui stable et sous le contrôle de la police, mais je ne suis pas autorisé à continuer ma route seul. Je dois rouler avec une escorte policière.
Carnet de voyage de Matthieu Tordeur à découvrir dans Numéro 33.
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