Routes sinueuses dans les Highlands
– EXTRAIT –
L’Écosse fantasque, c’est ce dont nous rêvions avant de partir nous aventurer sur cette terre de légendes. Pour reprendre les mots de Walter Scott, les Highlands sont une sorte de monde sauvage, rempli de rochers, de cavernes, de bois, de lacs, de rivières, de montagnes si élevées que les ailes du diable lui-même seraient fatiguées s’il avait voulu voler jusqu’en haut.
À notre arrivée à Edimbourg, cette sauvagerie naturelle, vectrice de différentes images mentales rendues populaires par de nombreux films et séries hollywoodiens, s’estompe : les troupeaux de moutons ont été remplacés par une foule d’humains déchaînés par les activités festivalières. Le vacarme tintamarresque des trompettes, des transports et des hurlements nous crispe et nous décidons de rejoindre l’Arthur’s Seat,
une petite colline dont l’ascension constituera notre premier contact avec la nature écossaise. L’ambiance y est plus reposante et le joueur de cornemuse (le cornemuseur) posté en bas de la colline amène une note traditionnelle plus que plaisante. À la fois fascinés par la faune qui se cache en plein cœur de la ville et la somptuosité des roches pourpres, nous accélérons le pas, pressés d’atteindre le sommet et oubliant le reste de la ville. Mais celle-ci s’impose vite à nous : le panorama offert à la pointe de ce mont légendaire ne nous subjugue pas. Seuls quelques monuments nous interpellent mais la nature n’est visible qu’à l’horizon. Nous rebroussons chemin, mangeons rapidement et attendons que la nuit passe : c’est cet horizon que nous souhaitons voir dès le lendemain, cet horizon mythique qui nous lorgne et nous tend les bras.
Nous reprenons la route au lever du soleil, après un petit déjeuner traditionnel. Nous osons le haggis, plat consistant en une panse de brebis farcie, que nous assortissons de fruits, scones au chocolat et haddock… Même si nous n’avons pas été sensibles à tous les plats, nous étions ravis de tenter l’expérience. Ce plaisir fut rehaussé par les locaux qui esquissaient, durant tout le séjour, un sourire à chacune de nos bouchées… Délaissant les boulevards édimbourgeois, nous filons vers The Trossachs National Park : peu à peu, les voitures, les embouteillages et le fourmillement de la ville laissent place à des routes sinueuses, presque vides de toute âme qui vive.
La nature reprend ses droits et la sérénité nous gagne. Par moments, nous croisons de solitaires et gigantesques arbres, scarifiés par le temps. D’autres croissent et sortent de nulle part, regardant les lochs tout en les protégeant. Un vrai instant poétique. Les chaussées encore praticables se rétrécissent à mesure que nous approchons du Loch Etive. La distance qui nous en sépare est courte mais nous devons composer avec les passings places, ces petites cavités routières permettant le passage à deux véhicules. Ces temps de pause sont l’occasion pour nous d’admirer le paysage.
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