croquis fausse-note
Carnet de voyage - Irlande

Sans fausse note

Des verts pâturages de l’Irlande, Jean-Pierre Jansen n’a pas vu grand-chose. Mais il en a pris plein les oreilles. Chaque soir, avec sa basse et son ampli, il a poussé la porte de pubs pleins à craquer pour s’inviter à des sessions de musiciens et jouer jusqu’à plus soif.

EXTRAIT :

Cruises bar. La façade en pierre de taille, un peu austère, n’annonçait pas ce qui se cachait à l’intérieur. Mais une fois passé la porte, plus de doutes à avoir. Parquet usé, bar en bois sombre avec sa collection de bouteilles de whiskys alignées derrière, verres de toutes les tailles et deux solides barmans un peu rougeauds retranchés derrière une forêt de manettes et de tuyaux qui servaient à tirer la dizaine de bières proposées à la pression, on était bien dans un pub irlandais pur jus.

Des coins et des recoins partout, des lambris foncés qui escaladaient les murs jusqu’a mi-hauteur, une décoration hétéroclite faite de vieilles photos de joueurs de rugby, de musiciens et de poneys irlandais accrochées aux murs dans leurs beaux cadres en bois, la plupart un peu de travers. Des vieilles affiches, des plaques émaillées vantant les mérites de telle ou telle boisson, des coupures de presse un peu jaunies. Des tables hautes, basses, moyennes, des chaises, des banquettes, des tabourets. Et surtout beaucoup de place pour rester debout. Un pub, quoi.

Dans ce décor, avec mon instrument plus grand qu’un violoncelle rangé dans son étui rigide et mon petit ampli portatif à pile, je ne passais pas tout à fait inaperçu. L’horaire affiché à la fenêtre du bar, qui avait retenu toute mon attention quand j’étais passé devant, indiquait « Wednesday 3 May, 9 pm, Shayne and Fiachra Hayes + friends ». J’étais arrivé dans le pub vers 20 heures. Mon idée était de manger un bout puis de voir comment ça se passait. Et éventuellement essayer de faire partie du « + friends », c’est-à-dire joindre la session avec ma basse acoustique, mon accent étranger et mon expérience de la musique traditionnelle irlandaise limitée à quelques mois d’étude en solitaire, plus quatre ou cinq sessions faites près de chez moi, avec des musiciens belges qui, pour pas mal d’entre eux, s’essayaient eux aussi à la musique irlandaise.

J’avais le trac et une petite voix intérieure me disait de faire demi-tour. Mais si j’avais trimballé ma basse et mon ampli depuis ma Belgique natale, c’était pour jouer, ne serait-ce que trois notes. Car jouer de la musique irlandaise en Irlande avec des musiciens irlandais, ça peut vous sembler banal, mais c’était un peu un rêve, pour moi. Une sorte de défi un peu fou aussi. Un peu comme un gosse qui a fait trempette à la piscine dans la pataugeoire et qui s’apprête à se lancer dans la grande profondeur.

Ils servent bien des demi-pintes, ce qui correspond à peu près à un verre normal chez nous. Mais ici, ce conditionnement est réservé aux enfants et aux femmes enceintes. Eventuellement à ceux qui essaient d’arrêter de boire, pour y aller progressivement

Carnet de voyage à découvrir dans Numéro 43

à découvrir aussi

Ballade irlandaise

par Armelle Bourgeault

Il n’y a pas un village irlandais, pas un bout de littoral, pas un morceau d’île qui n’évoque à Armelle Bourgeault des airs de musique traditionnelle. C’est d’ailleurs au son du bouzouki et du bodhràn qu’elle a tracé son itinéraire, de Tipperary à Cork en passant par la baie de Dingle. Partout où se racontent encore,…

croquis voyage bouts du monde

Tribulations en Irlande d’un cycliste sous la pluie

Le cycliste Frédéric Albert a avalé plus de kilomètres que de plats de pâtes durant ses premiers jours de voyage en Irlande. Et pour ne rien arranger, il n’avait pas autant plu sur le Kerry depuis… 1966. EXTRAIT : Balade irlandaise. Mais qu’est-ce que je fous là ! Ce matin gris et pluvieux n’en finit pas…