Sortir de là
EXTRAIT :
9 août 2019. Après dix jours de navigation sur ma pirogue, les berges de la rivière Waki, auparavant si éloignées se resserrent et la végétation dégringole de partout et étrangle littéralement la rivière. Prisonnier dans ce chaos végétal, je peine à entrevoir l’eau, dissimulée sous un amas de plantes. La machette dans une main, la pagaie dans l’autre, je tire, je pousse, je hache, j’hurle et j’avance mètre par mètre.
Soudain, une liane arrête net mon avancée : mon embarcation se met à dériver, emportée par le courant, puis se bloque à nouveau. L’eau commence à s’infiltrer de partout. Paniqué, je saute par-dessus bord. Trop tard ! Elle commence à couler… Accroché à une branche, tétanisé, le corps trempé, je tente d’empêcher mon canot de sombrer dans le sable. En vain, il se retourne et se perd dans les lianes. En me retournant, horreur : j’aperçois au loin mes sacs, emportés par la rivière. Si je ne fais rien, ils auront vite disparu. Je plonge aussitôt à leur poursuite comme si je tentais de rattraper ma vie. Mon corps tremble ; pourvu que j’arrive à temps ! Grâce au courant, je finis heureusement par les saisir. Quel soulagement ! Vite ! Il faut que je reparte sauver ma pirogue. Je remonte le courant à la nage, m’accrochant de liane en liane. Oh miracle, je finis par la retrouver. Je puise dans mes dernières forces pour l’extirper de la végétation, la retourner et la vider. Enfin, elle flotte à nouveau… Mais je n’ai pas le temps de souffler que la panique me saisit à nouveau : la rame et la machette ont disparu !
Carnet de voyage d’Eliott Schonfeld à découvrir dans Numéro 47
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