Sur la terre des ours
– EXTRAIT –
Après une traversée en petit bateau d’une quinzaine de minutes depuis Igaliku, un village aux jolies maisons colorées et au fjord bleu intense, nous accostons à Ipiutaq, sur le « port », (enfin disons le bord de rocher où accoste le bateau). Nos hôtes nous y attendent : Agathe, Kalista, leur fille Ina, et leur chien Jim. Nous traversons ensemble les champs jusqu’à leur maison : celle-ci est spacieuse, de plain-pied, accueillante et il y fait chaud ; il y a même un piano transporté depuis la France. On ne s’attendait pas à trouver pareil confort dans cette contrée lointaine, mais mieux vaut ici être chez soi comme dans un cocon.
Derrière ce cadre chaleureux, la réalité va bientôt nous apparaître bien différente : sur le terrain, ils sont les seuls habitants ; la famille doit être autonome en eau et en électricité… De véritables pionniers ! La ferme-auberge est isolée, il n’y a pas de route, on y accède exclusivement par bateau l’été, sorte de bus local, ainsi qu’en hélicoptère par tout temps, moyen de transport coûteux mais nécessaire pour les urgences. La famille dispose de plusieurs générateurs pour l’électricité : il faut jongler entre les plus puissants pour le chauffage ou faire tourner la machine à laver par exemple, et les autres pour différents usages électriques ; la recharge se faisant manuellement. De la même manière, la famille puise l’eau d’un puits creusé dans la vallée. Alors pas question de laisser couler l’eau pendant le brossage des dents ; quant aux douches, elles seront courtes et espacées dans le temps !
La discussion se déroule en danois qu’Agathe traduit en partie, notamment quand il s’agit de conseils à tenir en cas de rencontre avec un ours : premièrement avoir un fusil avec soi. Sinon se munir d’une fusée, celle-ci effraie les ours. Et si l’on n’a rien sur soi, jeter son blouson dans la direction de l’ours, il viendra le renifler… profitez-en pour fuir (et courir vite)
Carnet de voyage de Charlotte Spire à découvrir dans Numéro 38
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