La frontière
– EXTRAIT –
Dire que c’est parti d’une boutade, d’un « chiche ! ». Sur une route des Pyrénées, Max et moi plaisantions à propos de nos rêves de voyages… C’était en 2011. Mais avec Max, on ne plaisante pas avec ce genre de chose. Tout sujet abordé, a fortiori prononcé à haute voix, se mue fatalement en projet. Nous disposions lui et moi d’une denrée rare, le temps. Suffisait juste de se mettre d’accord.
L’itinérance est apparue comme une évidence. Puis le road trip. Puis les Etats-Unis. Comme une arborescence indiscutable. « Tu prends une carte, tu nous traces un itinéraire, et on part ! ». Je m’exécutai dès la semaine suivante. Un an plus tard, nous débarquions Aéroport JFK à New York, avec l’ambition de rejoindre le Pacifique, Los Angeles, San Francisco. Beaucoup l’ont rêvé, beaucoup l’ont fait. Nous n’étions pas des pionniers, comme Lewis et Clark missionnés par Thomas Jefferson pour rallier le Pacifique.
Nous n’étions pas des précurseurs mais nous voulions suivre les sillons tracés par ces aventuriers dont les récits ont alimenté l’imaginaire collectif. Petits, Max et moi avions épongé les messages latents du petit écran. « Tom Sawyer, C’est l’Amérique, le symbole de la liberté ! Il n’a peur de rien, c’est un Américain ! ». Combien de fois ai-je fredonné le générique du dessin animé Tom Sawyer ? Quand en ai-je vraiment prononcé les paroles au point de les intégrer ? Bien plus tard en fait. Ainsi, depuis que je suis né, les Etats-Unis se racontent à moi par la petite lucarne de la télévision. Même l’école me vantait sa grandeur et sa puissance. L’Amérique me vendait un rêve, nous voulions le réaliser.
Retrouvez toutes les photographies et la suite du carnet de voyage de Guillaume Millet dans Numéro 33.
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